Chapitre I : Le réveil

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Sur le bord du lit se trouvait un vieux cahier usé, aux pages gorgées de gribouillis et de mots illisibles. Cependant, sur une des pages se trouvait les seules lignes clairement lisibles et compréhensibles dans la tempête d'hiéroglyphes contemporains :
« Ses cheveux furent tels des rideaux dorées venant arpenter des vallées pâles et rougies par des mots doux adorés, quant à son regard, timide mais perçant, d'un bleu ciel paisible et envoûtant, ne me distrait pas de ses pulpeuses lèvres innocentes qui ne fûrent point épargnées par ses caprices cosmetiques, d'un rouge écarlate aussi voyant que son sourire chatoyant, visant à attirer l'attention des regards perdus ».
Échappant de justesse à la sentence de la poubelle, avec pour juges des médecins farouches aux yeux trompés par la couverture délabré de l'ouvrage, le cahier se retrouve enfin entre mes mains, le moment où mes paupières ont commencé à s'entrouvrir.
« Je t'ai vu bouger tes paupières, et il me semblait juste de te remettre en main propre ton vieux cahier adoré dès que tu te réveilles, vu le nombre d'heures que tu y as consacré ! Cependant une infirmière a dû le mettre à la poubelle pendant que j'étais partie aux toilettes en pensant que c'était un déchet. » me dit une voix qui me semblait familière, d'un ton doux et réconfortant, comme si l'on se sentait chez soi rien qu'en l'écoutant. Tout ces mots qui virevoletaient dans ma tête étaient lourds et envahissants, comme si on ne me laissait même plus reprendre mon souffle.
« Tu m'as vraiment fait peur Vincent ! Après avoir perdu ton père il y a, à présent, 3 ans, nous pensions t'avoir perdu aussi.. » sans écouter la suite, je me rends compte, enfin, que cette douce voix qui me berce dès mon réveil n'est nul autre que ma mère bien aimée.
« Maman ... je suis désolé. Je suis enfin de retour. » ces mots chargés de regret et de culpabilité qui sortirent de ma bouche, d'une voix rauque, digne d'une carcasse pourrie, auraient fait sursauter tout individu possédant une ouïe médiocre. Toutefois, ce ne fût pas le cas de ma mère. En effet, celle-ci s'était rapprochée de moi et je compris qu'elle me tenait la main, comme pour me réconforter.
« Bon retour parmi nous mon petit ange. Tu nous as tous manqué ! » me dit-elle en pleurant de joie.
Elle me tenait fermement la main et au bout du compte, c'était plutôt moi qui la réconfortait, tant la voir pleurer me faisait tout de même de la peine.

***

C'est ainsi, couché sur mon lit d'hôpital, enfin réveillé, un sourire forcé aux lèvres malgré l'état pathétique actuel de mon corps, que débutera cette histoire, mon histoire, ainsi que la sienne, ma bien aimée, au nom qui s'est effacé de ma mémoire de revenant.

Roses égaréesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant