My lovely prey.

Chapitre 1 :

Les quelques rayons du soleil déclinent doucement, laissant une teinte orangée, presque dorée s'infiltrer dans la boutique. Il est bientôt l'heure de fermer et la présence des clients qui se fait de plus en plus rare au fil des heures nous indique clairement que rien ne sert de rester tard aujourd'hui. Je lance un regard entendu à Alice et celle-ci hoche la tête avec un petit sourire. J'attrape les clés de la boutique de skate, rassemble mes affaires et nous sortons en fermant à double-tour.

- On se regarde un film ? je lance à mon amie avec entrain.

- Avec des bières et des pizzas ? complète-t-elle, les yeux brillants.

- Je pars acheter ça, choisis un film en attendant, j'arrive.

Je prends rapidement mon longboard et roule en direction de la superette accompagnée de musique dans mes oreilles. Plus la musique bouge, plus j'accélère et plus mes cheveux blonds flottent au vent. Bon, évidemment à force de foncer j'ai failli me prendre une voiture. Mon cœur palpite irrégulièrement et je reprends mon souffle du mieux que je peux.

Une fois arrivée à destination, je fais de rapides courses, paye, fourre tout dans mon sac à dos et refais le trajet inverse, sans manquer de me faire écraser cette fois-ci. Le soleil est presque couché et va bientôt laisser place à la reine de la nuit : la Lune. Je monte les escaliers et atteints la porte de l'appartement de ma brune préférée. J'entre en fracas et fais une apparition spectaculaire en dansant. Ma meilleure amie est habituée à ce genre de comportement de ma part, j'ai une mauvaise habitude de toujours vouloir faire les choses avec énergie. Je dois sûrement être exténuante pour mon entourage...

Alice est au téléphone et ne se préoccupe pas une seule seconde du boucan que je produis. Alors pour bien la déranger, je me mets à chanter fort une musique qu'elle déteste. Elle me lance un regard noir et je lui fais un clin d'œil. Elle annonce à son interlocuteur qu'elle doit raccrocher... Mais les seules paroles que je retiens sont les petits mots « ...moi aussi je t'aime, mon chéri... ». Choquée, j'ouvre la bouche en grand et écarquille les yeux en haussant les sourcils. Elle me regarde avec un air coupable tordant son joli visage.

- J'allais te l'annoncer ce soir...

- Ça fait combien de temps que tu sors avec lui sans me le dire ?

Bon, je vous accorde que je ne suis pas sensée réagir ainsi, je devrais être heureuse pour elle mais c'est un peu plus compliqué que ça avec Alice. Elle est d'une naïveté sans égal. La dernière fois qu'elle est sortie avec un gars, celui-ci s'est clairement foutu d'elle. Il la trompait avec une douzaine de filles et il l'a quittée par message juste parce qu'elle « osait » être jalouse de ses nombreuses liaisons ! C'était vraiment un bel enfoiré. En voyant ma mine inquiète, elle hésite quelque peu en se mordillant la lèvre inférieure puis elle ajoute que cela fait deux mois qu'elle le côtoie et qu'elle nage en plein bonheur. D'après ses dires, ils se sont rencontrés lors d'une soirée –à laquelle j'avais assisté d'ailleurs- et que depuis ce jour, ils enchaînent jeux de séduction, confidences et promesses d'avenir ensemble. Je reconnais que ça parait magnifique et qu'on pourrait dire qu'il n'y a pas d'inquiétude à avoir. Mais ça semble justement trop beau pour être vrai. Je suis encore plus méfiante après avoir aperçu une lueur bien trop brillante et trop naïve dans ses yeux en forme de cœurs. Je décide de changer de sujet après l'avoir félicitée et mets le film en route. J'amène les bières, enclenche le four et y place les pizzas.

Nous passons le restant de notre soirée à jacasser et exploser en fous-rires. De temps à autre, je lui lance des piques sur son nouveau mec et la plupart du temps elle y répond avec sarcasme. Elle finit par enfin me dévoiler le beau visage de celui-ci et effectivement, je me souviens bien l'avoir croisé à cette fameuse soirée. Il m'avait accidentellement bousculée ce qui entraîna la chute de mon verre et également l'apparition d'une grosse tâche sur ma robe. En observant la photo, je remarque que quelque chose de malsain luit dans son regard sombre et un sourire malicieux se dessine au milieu d'une fine barbe bien taillée. Il a l'air de prendre soin de son image... Ce n'est pas forcément bon signe, il paraîtrait presque faux.