Chapitre 4

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Deux heures. Cela faisait deux heures que Bianca était là, assise par terre, face à cette armoire. La fameuse armoire dont Edmund lui avait parlé. Les révélations faites par son ami tournaient encore en boucle dans sa tête, tandis qu'elle cherchait un sens à tout ceci. Est-ce qu'il se payait sa tête ? Disait-il la vérité ? Avait-il un énorme souci post-traumatique ou psychologique qui lui avait fait inventer tout ceci ? Non, elle ne souhaitait pas y croire. Elle ne pouvait pas y croire.

« Bordel... »

Assise en tailleur, elle jurait à voix basse, en cherchant un sens à cette histoire. Elle se rappelait encore mot pour mot cette discussion, avant que sa mère ne vienne la chercher :

« Ecoute Bianca... je ne te demande pas de me croire sur parole ou de comprendre tout cela, je veux juste que tu me fasses confiance. Je ne suis pas dingue, et je ne mens jamais, d'accord ? Promets-moi de... promets-moi de ne pas t'enfuir.

-Je... je te le promets, avait-elle dit. Mais Edmund... c'est vraiment...

-Dur à croire... je m'en doute. Mais tu sais au fond de toi que je ne te mens pas. »

Elle le regardait, droit dans les yeux, à la recherche d'une quelconque forme de mensonge. Cependant, les yeux sombres d'Edmund débordaient de vérité, et cela la bouleversa encore plus. Quelques instants plus tard, sa mère était arrivée, et elle n'eut pas le temps de questionner Edmund à propos de ses révélations sur ce royaume.

Ce si beau royaume, où il avait été roi. Où il avait mené des batailles auprès de son frère, de ses deux sœurs, de centaures et d'animaux parlant. Où le roi de ces lieux se prénommait Aslan, et n'était non pas un homme mais un lion majestueux, ce même lion qui était sculpté sur ladite armoire.

« Bianca... allez, remets-toi ! Réfléchis ! Un lion qui parle, une sorcière de glace ? Un pays tout entier dans une armoire ? Cesse donc de faire la gosse et de croire un pauvre idiot qui doit sûrement se marrer actuellement en pensant à l'état dans lequel tu te mets. »

Elle se leva brusquement, furieuse, et partit dans sa chambre pour se coucher, comme elle aurait dû le faire il y a déjà plus de deux heures. Cependant, une fois allongée, le doute s'insinua en elle. Après tout, Edmund avait été son ami depuis le début ? Ils passaient leurs journées ensemble, et elle s'était dit à de nombreuses reprises que jamais elle n'avait eu un ami pareil. Dans ce cas, pourquoi lui aurait-il menti ? Tandis qu'elle se tournait et se retournait dans ses draps, elle finit par s'endormir d'un sommeil bercé par les flots d'une mer inconnue, et par des chants de terres lointaines.

Elle passa la journée du lendemain à s'occuper, en faisant du jardinage avec sa mère ou en s'occupant de la maison, pour éviter de penser à cela. De plus, elle évita soigneusement de passer devant la gigantesque armoire en bois, ce qui ne fut pas très compliqué puisque celle-ci se trouvait à l'étage au-dessus de sa chambre. Le lendemain, lorsqu'elle arriva au lycée, elle se mit directement à chercher Edmund pour en savoir plus.

« Mais où est-ce qu'il est, c'est pas vrai ? »

Lorsqu'elle le vit enfin, arriver par les grandes grilles de fer forgé, elle avança d'un pas décidé vers le jeune homme et le tira furieusement par le bras, sous les regards étonnés de Lucy et d'Eustache.

« Bianca... Bianca s'il te plaît, tu vas abîmer ma chemise, insista Edmund en souriant.

-Ta... chemise ? Tu veux savoir à quel point ta chemise m'importe peu en ce moment même ? » s'exclama-t-elle.

Ils étaient dans un coin reculé de la cour, encore déserte à cette heure-ci. Bianca fit tout de même bien attention à ne pas parler fort lorsqu'elle interrogea son ami :

La vie d'un roiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant