Le jugement de l'âme

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Les mains tremblantes, je regardais la porte dont la lumière déclinait doucement sans parvenir à y croire. Ash... M'avais tu trahie ou avais tu sauvé ta peau ? J'avais tout donné pour le démon et voila qu'il s'en allait sans dire un mot. Abandonnant toute retenue, je m'effondrai par terre en pleurant, les larmes ruisselantes sur mes joues tombant en petites gouttes sur le sol de marbre. J'avais sacrifié ma vie pour rien. Je ne distinguais plus rien, à moitié évanouie, je ne remarquait pas les gardes royaux, je ne sentis pas quand ils m'emmenèrent dans les plus sombre foret d'Arandiia et ne repris vraiment conscience qu'une fois les mains ligotées dans le dos. Les gardes m'avaient attachée à un arbre. C'est alors que je compris, ils m'avaient emmenée à Lithazeh, le tribunal-foret, dont les arbres retenaient les captifs selon leur bon jugements. Les arbres magique d'Arandiia avaient comme dons le pouvoir de déchiffrer les âmes. Seules les personnes les plus pures et qui n'avaient jamais commis d'erreurs pouvaient leur réchapper ; ce qui prouvait que le roi m'accordait une dernière chance de salut. Il ne m'avait pas tout à fait abandonnée. En arrivant dans la clairière aux sages, je levais les yeux vers les plus anciens arbres de mon peuple, impressionnée. Envahissant mon esprit, sondant mes pensées et me soumettant complètement à leur volonté ; les anciens résineux explorèrent mes secrets les plus intimes, ne laissant aucune place au dissimulations. Leurs consciences étaient lentes mais d'une infinie sagesse qui témoignait d'une grande puissance. Lentement, ils fouillèrent dans les moindres recoins de mon imagination, puis, leur sentences tomba : Lillandril d'Arandiia, tu as souillé le nom de notre race en embrassant une créature des enfers, un démon. Ton intention était aussi noble que peut être l'amour, mais tu as bravé les interdits en cachant son existence pendant de longs mois. Notre sentence est la suivante : Puisque tu as en toi une telle attirance pour ces démons, deviens l'une des leurs. Nous allons te retirer les ailes par magie. Mais soyons cléments ; tu pourras changer de forme comme tu le voudras sans jamais récupérer tes ailes. Sous le choc, je ne réagis pas tout de suite, trop abasourdie par cette déclaration. Puis comprenant enfin mon triste sort, je me mis à pleurer, encore une fois. Quel comble, moi qui n'avait pas pleuré depuis des années, je versai deux fois des larmes en moins d'une journée. En pensant à la sensation du vent dans les plumes, qui m'ébouriffait les cheveux et donnait cette impression d'infinie liberté, que je ne ressentirais plus jamais ; mon esprit s'indigna. Trop d'émotions m'assaillaient, me laissant là, tremblante de tous mes membres. Avant de me renvoyer, les arbres me confièrent une robe de soie verte brodée de motifs à fleurs sur le bas. Ma robe de cérémonie. La cérémonie qui aurait lieu demain et me priverait de liberté, cette cérémonie qui me ferait rejeter de mon peuple. Mon propre peuple...

Lillandril : Ange et démonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant