Introduction

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Je suis un gay parisien. Un banal gay barbu comme il en existe des milliers dans cette capitale. Je suis né ici, et j'ai vécu dans la ville de l'amour mes premières expériences, mes premiers émois, mes premiers plans culs, mes premières histoires d'amour. 

J'ai vécu pendant dix ans avec un homme. Je l'ai rencontré à la suite d'une précédente rupture et j'ai passé un nombre certain de soirées avec lui et son mec de l'époque, à panser ma blessure dans des clubs, des bars, à faire la fête jusqu'à plus soif. C'était ma façon à moi de passer à autre chose.

Et quand j'ai été mieux, il était là, toujours là. En revanche son mec de l'époque avait disparu. Et c'est devenu comme une évidence de continuer là où nous en étions. Non je mens, ce n'était pas une évidence. J'y ai réfléchi deux fois. Mais à 23 ans, j'avais envie de construire quelque chose, envie de m'engager, envie de trouver l'amour, le vrai. C'est ainsi que nous nous sommes embarqués dans une relation basée sur des principes judéo-chrétiens et hétéro-standardisés.

Il y a eu quelques écarts. Quelques garçons embrassés dans des bars, lors de fêtes un peu trop arrosées. Quelques autres garçons ramenés chez nous, ou trouvés en vacances, mais toujours à deux, toujours en couple. Pour nous, avoir une autre relation sexuelle, c'était tromper. C'est ainsi du moins que s'étaient établies les règles de notre couple.

Nous nous sommes promis notre vie, notre amour éternel, nous nous sommes pacsés, il m'a même demandé en mariage devant un parterre de gens, nous avions la vie devant nous, et nous avons même pensé à adopter un enfant pour aller plus loin, concrétiser ce couple qui devenait plus fort. 

L'amour, le vrai je l'ai trouvé. J'ai aimé, et j'aime encore ce garçon. De toute mon âme, et de tout mon cœur. Et ces dix années sont passées à la vitesse de la lumière. Construire, déconstruire un peu, se retrouver, et avancer ensemble. Je n'ai jamais remis en question ce mode de vie car il m'allait bien. Et puis tout a basculé.

Les dernières années se sont passées de plus en plus mal. Des fissures que nous avons essayé de combler. Des divergences que nous avons essayé de ne pas voir. Des fracas qui devenaient de plus en plus fréquents. 

Non pas que l'amour n'est plus là. Au contraire. Mais que l'amour ne suffit pas. Un mantra que je me suis d'ailleurs fait tatouer sur le bras. L'amour c'est beau, c'est bien et c'est facile. Tomber amoureux, je peux ça peut m'arriver à chaque coin de rue. En revanche entretenir un amour, construire un couple, c'est une autre paire de manches. Et il suffit parfois d'un grain de sable pour que toute la machine s'enraye, que plus rien n'aille et qu'on se retrouve sans s'en rendre compte à bout de souffle. 

Nous avons donc dû nous séparer.

Et là, je me retrouve dans le noir. Je me rends compte subitement, que je n'ai plus 23 ans mais 33 et que je me retrouve seul, tout seul. Je pensais que ça serait facile, mais en fait je me rends compte de la solitude dans les moindre gestes du quotidien, dans les moindres anecdotes que seul lui comprendrait, dans la chanson que j'entends qui me rappelle un souvenir. C'est dur, mais c'est la vie.

Donc, comme je n'ai plus 23 ans, je réfléchis un peu, tout en pansant ma blessure dans des clubs, des bars, à faire la fête jusqu'à plus soif. Et finalement, ces réflexions, ça devient un peu une crise de la trentaine. Comment est-ce que je veux vivre ma vie aujourd'hui ? Qu'est ce qui m'a manqué ? Qu'est ce que je pourrais faire, en me reconstruisant, pour devenir le Moi que je voudrais réellement être. Je me mets en quête, non pas du mec idéal car, comme je n'ai plus 23 ans je n'y crois plus, mais du mode de vie idéal.

Et c'est pile à ce moment de mes questionnements que je rencontre le premier polyamoureux de ma vie, Jocelin.

PolyamoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant