Je ne suis plus son amant

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Cette rencontre avec Roger, c'est quelque chose qui m'a un peu chamboulé. Trouver que le mec du mec que tu fréquentes est vraiment très chouette, l'apprécier pour ce qu'il est. C'est déstabilisant. 

Nous nous voyons encore plusieurs fois la semaine qui suit. Roger est reparti. Et je me rends compte que je ne suis effectivement plus qu'un banal plan cul. Nous regardons des séries ensemble. Nous annulons des soirées prévues pour se faire une soupe et l'amour ensuite. J'aime ces moments. Sans jugement, sans peur d'aller trop vite avec l'autre, sans peur de faire un faux pas fatal. Juste apprécier le présent et être soi-même. 

Jocelin organise un autre événement. Un apéro naturiste dans un squat à Paris. Il me propose de venir. 

Je n'ai rien contre le naturisme, bien au contraire. J'ai découvert le bonheur d'être à poil il y a quelques années sur des plages en Grèce. D'abord tous seuls, mon ex et moi, et puis j'ai cherché d'autres plages naturistes, nous y avons rencontré des gens. Maintenant chaque fois que je pars en vacances c'est une des premières choses que je regarde. Où pratiquer le naturisme sur des plages. 

Pas vraiment un plaisir partagé entre mon ex et moi. Si je cherche ces endroits, il m'y accompagnait parce que je le voulait bien. Je sens et je sais que ce n'était pas son truc. 

J'y trouve pour ma part un plaisir assez intense d'être sans rien, juste moi et la nature. Les gens sur les plages naturistes me semblent plus bienveillants, plus sympa. Quel que soit leur âge. Et cela me plaît. Alors quand il me propose cet apéro gay naturiste, je n'hésite pas. C'est une expérience que je dois tenter. 

Il est vrai que les premières minutes étaient un peu étrange. Il y a un pont entre être à poil sur une plage pour se baigner ensuite et être dans un endroit clos, loin de la mer ou de la nature, sociabiliser nu avec d'autres personnes. Mais une fois ma quiche maison posée sur le buffet et une bière dans la main, une fois après avoir dit bonjour aux gens que je connaissais - mais jamais en tenue d'Adam, je me sens à l'aise et apprécie la soirée. 

Jocelin a eu beaucoup d'amants. Beaucoup, beaucoup. Un tas de garçons ce soir lui disent bonjour avec un smack. D'autres lui font des étreintes révélatrices d'un passé commun. C'est normal pour lui, nouveau pour moi. Et j'ai dû avoir l'air déstabilisé, car à un moment dans la soirée, le beau barbu vient me voir et me dit :

"Tu vas bien, mon chéri ? 

- Oui, tout va très bien, c'est juste un peu nouveau pour moi. Je ne sais pas trop comment appréhender tous ces garçons qui te tournent autour. 

- Si tu n'es pas bien, si tu veux qu'on rentre, dis le moi. C'est possible. Je ne veux pas que tu sois mal à l'aise. J'aimerais que tu te sentes bien parce que j'aimerais qu'on aille plus loin ensemble. Est-ce que tu veux être mon copain ? 

- (...)

- Mais euh, si tu préfères, on peut rester comme ça, je ne te mets pas la pression, ça me va aussi.

- Non ! non, enfin oui, je veux être ton petit copain, c'est juste... trop mignon"

Et c'est ainsi, nu au milieu d'une centaine de garçons que je suis passé du statut d'amant au statut de copain. Et si la différence pourrait être minime pour certains, c'est pour Jocelin une sacré différence. Je m'en suis senti fier, heureux, amoureux. Toutes mes angoisses se sont évanouies en un seul baiser, une seule phrase. 

J'étais donc devenu un polyamoureux. Dans le sens ou mon mec a un autre mec. Que j'aime bien en plus. Mais ce n'était pas pour autant que tout était gagné d'avance. 

PolyamoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant