chapitre 1

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J’ai donné la vie. Le 27 juin 2014. J’avais presque 38 ans. Mon premier bébé. Toutes mes copines avaient déjà fait cette incroyable expérience des années auparavant. Pour certaines, elles n’en étaient même plus à leur coup d’essai ; c’était limite devenu une routine…
Et à l’époque, quand j’étais encore célibataire sans enfant, j’ai tout entendu de leur part : « tu verras, un enfant ça change la vie », « terminées les boites de nuit et les grasses mat jusqu’à 13h avec petit déj au Perrier pour limiter les effets de la gueule de bois », « finies les vacances à Dubaï dans les 5 étoiles », « tu verras, ta vie ce sera biberons, couches et nuits sans sommeil… ».
Je les écoutais, mais certainement de façon inattentive…  Et puis le 27 juin 2014 à 23h04, ma vie a changé. Pour de vrai. Mon mari et moi avons basculé dans un monde inconnu et effrayant en une fraction de secondes.
Et là, vous vous dites : « euh, s’il vous plaît, vous avez oublié de nous filer le mode d’emploi avec le cadeau… ». « Comment ça y’a pas de mode d’emploi ? Belle arnaque… ».

Cet ouvrage n’a pas la prétention de se définir en tant que mode d’emploi. Il ne se pose pas en donneur de leçons « moi, j’ai vécu donc je sais ». Il ne se pose en rien. Il n’a la prétention de rien.
Il peut éventuellement donner des « trucs » qui ont fonctionné (ou pas) et qui fonctionneront (ou pas) selon votre bébé à vous. Car chaque petit être est différent et malheureusement ce qui marche avec l’un ne marche pas forcément avec l’autre. Je l’ai appris à mes dépens.
Non. Mon objectif avant tout, c’est de partager mon expérience, comme de nombreuses mamans le font sur les forums (d’ailleurs un grand merci à toutes celles qui prennent le temps de donner de l’espoir aux nouveaux parents en balançant des recettes miracles (ou pas) sur le net). C’est de montrer que l’on est toutes pareilles, avec nos doutes, nos peurs, nos désespoirs et notre culpabilité. Et qu’on avance malgré tout. Qu’il y a des journées meilleures que d’autres mais que quoi qu’il se passe, finalement, on garde en mémoire les instants de pur bonheur partagés avec son enfant et que les moments sombres finissent par disparaître. C’est fou la capacité qu’a l’être humain à oublier les trucs bien chiants !
Un jour, ma psy m’a dit : « Pas d’inquiétude, vous ferez forcément bien car vous êtes sa maman ». A toutes les jeunes mamans : « à partir du moment où le bien-être de votre enfant est votre priorité, vous ferez forcément bien ». Courage.


Accouchement de rêve. 5 poussées et c’était réglé. Deux ou trois contactions à la limite du supportable et une péridurale qui les a stoppées. Un siège par voie naturelle ; des infirmières, médecins et sage-femme partout dans la pièce. Il ne manquait plus que les caméras de Baby-Boom et la France entière aurait pu voir mon derche…
Un ange est né à 23h04. Mon ange. Je t’aime.

Retour dans la chambre vers 3h00 du matin. Mon mari retourne à la maison se reposer un peu. Je suis allongée dans mon lit. Je ne suis pas au top de ma forme. J’ai l’impression d’avoir pris 10 ans en une soirée. Mon bébé est installé confortablement dans son petit lit à côté de moi. Et dort.
Une infirmière m’apporte des couches et des biberons. Elle pose ça sur une table, tourne les talons et me dit « Bonne nuit ». La peur me donne assez d’énergie pour lui dire « non mais attendez là, je fais quoi ? Je sais pas faire, moi, c’est pas parce que je suis vieille que je sais ! ». Alors, contrainte, elle revient vers moi et m’explique deux ou trois trucs.
J’essaie de m’assoupir. Bébé se met à pleurer. Non hurler en fait. Je la prends, la trouille au ventre, je la berce, lui parle, lui donne un bib, change sa couche (à l’envers bien sûr)... Mais elle pleure encore et encore. Je bip les infirmières. Elles vont me détester. Je m’en fous. « Qu’est qu’il se passe ? ». « Bah je sais pas, j’ai tout fait, mais elle pleure encore. Pourquoi ? ». « Oh elle doit revivre son accouchement, bonne nuit ! ». Elle, si elle me redit « bonne nuit » une troisième fois, je luis saute à la gorge comme un clébard !
Cette nuit-là, je dors 15 minutes.

Le lendemain matin, mon mari arrive. Je pleure. « Tu restes là avec elle, je vais fumer une clope ». J’enfile un peignoir et déambule dans les couloirs avec mon paquet et mon briquet. Première taffe depuis une éternité me semble-t-il. Trop bien.

Toute la journée, c’est un défilé. Ca me fait super plaisir mais je pleure. « T’inquiète, c’est les hormones, ça va passer ». En plus, j’ai mal aux nibards. On dirait Pamela Anderson sans maillot de bain rouge, avec un bide énorme (il en reste un ou quoi ?), une tête à faire peur et la coupe de cheveux d’un playmobil. Rien ne va. Je suis au bout de ma vie.

Les gens partent peu à peu. Mon mari a dépassé l’heure. Il faut qu’il y aille. Je pleure de plus belle. « Me laisse pas, je ne vais pas y arriver… ». Horrible. Pour lui aussi.

Deuxième nuit à la maternité. Rebelote. A 2h00 du mat, je prends ma fille emmitouflée dans sa gigoteuse et je file dans le bureau des infirmières. « Je peux plus, il faut que je dorme un peu ; elle n’arrête pas de pleurer, je ne sais plus quoi faire ». Gentiment, elles me l’ont gardée 3 heures.

Cette nuit-là, je dors 3 heures.




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⏰ Dernière mise à jour : Dec 14, 2017 ⏰

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