2. Au commencement

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L'esprit humain était d'une imagination débordante. Il avait créé des mythes, des légendes, des jeux vidéo, des séries, des romans... La culture humaine regorgeait de ces œuvres, toutes reflet de ces espoirs, de ces peurs cachées, de ces envies dont l'esprit était le père. Mais pourtant jamais l'Homme n'aurait cru que tout cela puisse être vrai, qu'un jour des créatures dignes de ces livres se montreraient au grand jour. De tous les scénarios catastrophes envisagés par les dirigeants, aucun ne considérait que l'ennemi se trouvait au-dessus d'eux, dans un nuage pourpre, sans forme. La fin du monde s'abattit sur la ville avec le volcan qui cracha ses feux et une multitude de monstres. Certains n'avaient rien d'humains, ils étaient grands et forts, bruns de fourrure, intelligents mais pas très rapides. C'était là leur seul défaut, on les voyait de loin, on les entendait de loin. D'autres étaient bien plus fourbes de par leur aspect humain. Ils se promenaient dans les rues et tuaient les malheureux qui avaient le malheur de trop s'approcher d'eux.

Sous le commandement d'un chef bien trop puissant et avide de pouvoir pour faire preuve de compassion, l'armée se déploya dans toute la ville mais ne s'y attarda pas, les armes de destruction massives, ces rocs issus du volcan, avaient tout ravagé. Les monstres s'en furent dans les campagnes et le plan de destruction du monde voyagea avec eux.

Un coup de vent glacé la réveilla. Il n'y avait plus de soleil au dehors, juste cet orage menaçant dans le ciel. Victoire prit appui sur ses mains et s'assit sur le rebord du balcon, dos au mur. La rambarde avait disparu, tout comme l'immeuble en face, et tous les autres. La jeune femme se mit à quatre pattes et fit un mouvement vers la baie vitrée ouverte qui menait au salon et s'arrêta net en hurlant.

Rien, il ne restait rien de son immeuble, juste ce pan de mur et un tas de gravats sept étages plus bas. Une première émotion monta en elle, une peine sans commune mesure, alors qu'elle réalisait que son père était quelque part là, en bas, sous les décombres. Elle pleura encore et encore, ses larmes étaient intarissables, il était... elle ne pouvait le dire, elle refusait de le penser, il était... mort.

Victoire pleura longtemps, en boule, la tête posée sur le sol de béton. Son esprit luttait pour digérer l'information mais elle était dans le déni le plus total. Une part d'elle priait pour que tout cela ne soit qu'un mauvais rêve, une autre ne pouvait que pleurer et supplier qu'on lui rende son père. Une bourrasque plus forte que les autres l'obligea à considérer le reste de la situation. Elle était bloquée sur un morceau de balcon, au septième étage, sans possibilité de fuir. Tout était détruit autour d'elle, il n'y avait plus d'ascenseur, ni de reste d'escalier.

Le jour s'achevait et le peu de chaleur s'en allait avec lui. Victoire avait froid, très froid. Elle n'osait bouger de peur que le balcon achève de s'effriter et ne l'emporte dans une chute mortelle. Elle grelotta ainsi plusieurs heures, attendant la mort comme une libération. Elle hésita longuement à sauter, une fois en bas elle serait libérée de ce cauchemar, décédée, mais libérée. Elle ne serait plus seule, perdue dans cet apocalypse qu'elle pouvait observer à son gré. Le feu était partout, rares étaient les gens encore vivants, ceux qu'elle apercevait du coin de l'œil étaient bien trop morts pour bouger. Les survivants étaient soit bloqués sous les décombres pour les plus malchanceux, soit avaient fui la ville, seule chose logique à faire.

Une lune pourpre se leva, et avec elle l'orage s'éloigna vers le sud. Victoire eut une vision parfaitement claire de l'enfer qu'était devenu sa ville. Le pire était le silence, elle n'entendait rien à part un vent d'est et le volcan qui continuait de gronder. Ce maudit vent avait bien apporté le malheur mais personne ne l'avait écouté.

Victoire sentit une faible chaleur au niveau de sa poitrine, elle mit la main sur sa pierre et la leva au niveau de ses yeux. Elle brillait, faiblement mais sûrement, d'une belle couleur violette, un peu comme la lune. Cela la rassura autant que cela l'effraya, cette pierre était connectée à tout cet enfer. Elle provenait de ce monde, de cette atrocité qui leur était tombée dessus. Mais elle était aussi sa seule source de réconfort alors que Victoire se sentait de plus en plus proche de la mort. Soudain une peur s'empara d'elle, et si la pierre émettait un signal ? Et si elle appelait quelqu'un ?

Son cœur battit plus fort, ses sens se mirent en alerte, est-ce que quelque chose approchait ? Victoire resta ainsi longtemps sur ses gardes, les muscles tendus, effrayée à la simple idée de passer la tête de l'autre côté du balcon. Elle parvint cependant à surmonter cette peur et regarda en bas. Elle avait bougé délicatement, attentive à tout bruit, tout mouvement du balcon qui risquait de s'effriter. Tout était calme, rien ne troublait les lieux, personne n'était là. Elle était toute seule.

Relativement soulagée, Victoire retourna à sa place contre le mur et s'autorisa un moment de repos. Elle était seule, terriblement seule. Elle ferma les yeux, haletante, et pria pour qu'elle ne tombât pas durant son sommeil.

- C'est à moi.

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Merci d'avoir lu ce chapitre ! 

Axel. 

A bientôt ! 

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