On ne meurt pas d'un suicide ; on meurt de tristesse - Inconnu.
Avril 1994, Los Angeles, Westgate Ave
San Vincente Blvd
17h42, maison familiale
Aurore Grey
Son cœur ne battait plus, son corps ne régissait plus. Aurore Grey, était morte. Elle ne ressentait rien. Sa peur de cette ceinture familière avec laquelle elle s'était pendu ses envolées. Ça ne lui faisait plus mal. Un silence régnait en elle. La paix dont elle ressentait est celui dont elle n'avait guère eu ces trois dernières années. Une pause infinie ; ce dont elle attendait.
Elle avait prévu cet acte depuis des jours. Il lui fallait une ceinture solide, un tabouret qu'elle aurait fait tomber pour ne pas revenir en arrière, et une confiance absolue en la mort. Quand cette ceinture en cuir noir était autour de son cou, elle avait peur ; peur de l'inconnu. Personne n'a pu savoir ce qu'il y a après. Elle se sentait donc unique, elle allait pouvoir voir ce que tous les scientifiques cherchent depuis des décennies.
Quand elle avait basculé ce tabouret, son cou était bien trop serré, le froid dominé sur son corps qui gigotait. Elle n'arrivait plus à bouger.
La pièce était d'un blanc lumineux, comme une lumière qui l'appeler. Elle se sentait en sécurité. Dans ce blanc éclatant, il l'appelait. C'était Lui. Elle s'était précipitée dans ces bras tatoués. Des mots réconfortants flottaient depuis sa bouche. Pour Aurore, elle était au paradis, il était là-devant elle. Elle ne souhaitait que ça. Elle était tellement heureuse qu'elle larmoyait sur son torse.
Ces huit derniers mois, elle les a passé à pleurer, à Le pleurer. Elle avait choisi le même sort que Lui. Vivre sans sa présence était bien trop dur a le supporte. Il faisait partie de son enfance, le laissait partir était inimaginable, surtout sans lui avoir dit au revoir.
Un frisson lui parcourut soudain. Une intuition s'était placée en elle.
Sa mère, son frère... Ils n'étaient plus très loin.
La porte d'entrée, c'était ouverte et des éclats de rire retentissaient. Aurore observait la scène avec peur et angoisse. Elle se blottit contre Lui. Sa mère toquait à la porte, a six mètres de là. Elle souhaitait lui annoncer qu'une promotion lui avait été offerte et qu'une réservation dans un restaurant était faîte pour fêter ça. Aurore ignorait tout cela, elle se préparait à observer les étapes qui vont suivre à une vitesse affolante. La femme qui la réconforter autre fois frappait une fois encore, ne sachant sûrement pas que quatorze ans de sa vie aller basculer quand elle ouvrira cette porte. Seule une planche la protégeait de ce massacre émotionnel.Le moment tant attendu arriver. Le premier pas dans la chambre, était à l'aveuglette. Des tas de vêtements jaugeaient le sol. Sa préoccupation était d'éviter les tissus qui régnaient à terre.
Pauvre, Isabelle, pensa-t-il attrister d'assister à la perte d'un proche depuis son étoile flottante.Elle levait sa tête, puis ses yeux : « Ma chérie, tu devrais ranger tes affaires, on ne peut plus pass... ». Elle ne pipait plus un mot. Elle vit sa fille flottée dans les airs.
Le choc était d'abord au rendez-vous.
Des cris étouffés se faisaient entendre par la suite.
La main sur son visage, elle avait couru vers sa fille, ne se préoccupant guère sur quoi elle avait mis le pied. Soulevant les jambes d'Aurore, elle criait. Ce cri, la défunte s'en souviendra. Qu'elle soit morte ou vivante, elle mémorisait, c'est quelques secondes affreuses. Espérant que l'oublie l'emporterait avec elle.
La froideur de sa peur pâlie lui donnait une envie monstrueuse de la prendre dans ses bras, et la réchauffer. Elle savait que le froid n'en était pas la cause, on était en avril. Mais Isabelle préférait avoir une once d'espoirs que cela soit véritable.
Alexandre, le frère aîné d'Aurore, s'était précipité en entendant les cris déchirés de sa mère. Affolé, il montait sur le tabouret meurtrier et tentait de décrocher le cuir. Il l'encerclait de ses bras imposants et l'avait posé sur le matelas à côté. Sa sœur était blanche, ses lèvres charbonneuses, ses yeux était enflées par les larmes qui s'était écoulé avant et pendant la pendaison.