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art. 1 de la loi du meurtre : Le jour de ses 18 ans, chaque individu recevra une lettre de convocation qui lui indiquera le nom de la personne qu'il devra tuer, ceci visant à empêcher la surpopulation qui était la cause des Cataclysmes qui ont dévasté notre Terre et presque exterminé la race humaine.

1.

- Et qu'à tu fais de ta lettre de convocation, Ergo ?

- Je ne l'ai pas encore ouverte.

- Et quand comptes-tu le faire ?

- Je ne sais pas.

- Il faudra pourtant bien que tu le fasses, tu sais ?

- Oui, je le sais.

- Bon, repasse me voir la semaine prochaine. Et d'ici là, j'espère que tu auras plus de choses à dire.

- Au revoir, Madame Marax.

Je quitte le bureau de ma conseillère personnalisée et retrouve Rémus dans la cour.

- Alors, elle t'as dit quoi ?

- Que je devais ouvrir la lettre.

- Tu l'as pas regardé ?

- Non.

- De toute façon t'as plein de temps devant toi. Je connais un type qui l'a lu la veille de son dix-neuvième anniversaire et tu sais quoi, il a quand même réussi à le faire.

- Bon, si on parlait d'autres choses ?

- De quoi ?

- Je sais pas... De foot.

- Tu n'aimes pas le foot.

- Mais je préfère parler de ça que du meurtre que je dois commettre.

- Pas faux.

Le reste de la journée passe vite. A part Rémus, personne d'autre n'aborde le sujet de ma Convocation. Comme si elle n'existait pas. Et pourtant elle existe, j'y pense à chaque instant.

Lorsque j'arrive chez moi, mon frère est là, sur le canapé en train de regarder la télé et de manger des chips. Quant il me voit, il se lève et vient me faire une accolade.

- Bon anniversaire, petit frère.

- C'était hier.

- A, merde. Bon, tant pis, un jour avant, un jour après, ça change pas grand-chose, non ?

Il se rassoit sur le canapé et reprend son paquet de chips.

Au bout de quelques minutes, il éteint la télé et se tourne vers moi.

- Bon, on a deux sujets à aborder : Premio, voilà ton cadeau d'anniversaire.

Il me lance son paquet de chips à moitié entamé.

- Deuxio, il faut qu'on parle de ta Convocation.

Il prend un air plus sérieux et m'invite à m'asseoir à côté de lui.

- Tu l'as déjà ouverte ?

- Non.

- C'est bien. Ca montre que t'es pas un psychopathe impatient de savoir qui il va devoir buter.

- Ca fait quoi de tuer quelqu'un ?

Mon frère Hugo réfléchit quelques instants puis dit :

- C'est la pire chose qui soit. Sur le coup, tu es terrorisé, mais le pire, c'est après, tu revois encore et encore le visage de la personne que t'as tué. Ca ne part pas. C'est comme un fantôme qui revient te hanter sans jamais te lasser. Tu n'es plus tout à fait la même personne après ça.

- C'est horrible.

- Non, t'inquiète, je te charrie. C'est un peu moins horrible que ça. Mais à peine.

- C'était qui ?

- Qui ?

- La personne que t'as tué.

- Une fille. Elle avait vingt ans. Elle s'appelait Emma.

En disant ce nom, son regard change. J'ai l'impression qu'il revoit le fantôme de cette fille.

- J'ai peur de ne pas pouvoir tuer.

- Tu sais, Ergo, tout le monde pense ça au début. Mais la triste vérité, c'est que tout le monde peut tuer.

Mon frère rallume la télé. La conversation est finie.

Hugo ne reste pas pour dîner. Je mange tout seul car mon père n'est pas encore rentré. Son boulot au ministère lui prend presque tout son temps. Mais il finit par arrivée. Il viens me voir et commence par s'excuser de rentrer si tard. Puis il se justifie en expliquant que l'approche des élections demande beaucoup de travail.

- Je sais que c'est dur pour toi en ce moment, enchaîne-t-il, c'est pourquoi j'aimerais t'aider.

Il me tend un piqueur. Un pistolet à poison. C'est censé tuer les gens sans douleur.

- Je pense que ça te permettra de mener plus facilement à bien ta mission. Qu'en penses-tu ?

- C'est ce qui a tué maman ! je crie.

Je vais dans ma chambre. Je m'allonge sur mon lit. Je sais que je ne dormirais pas cette nuit.

la loi du meurtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant