Tout va bien

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Le lendemain, en me réveillant, je me suis rendu compte que j'avais posé les billets sur ma table de nuit, bien en évidence, comme pour contempler le fruit de ma souffrance. Il est neuf heures. Et merde... tu vas encore être en retard ! je me dépêche et, une fois dans la rue, je m'arrête un moment. Un homme clopine, des larmes roules sur ses joues rougies par le froid et sans doute, par la honte. Mais c'est moi qui devrait être embarrassé ! Je tâte mon manteau à deux-cents balles et je me rend compte qu'il me pèse plus qu'autre chose. Je relève la tête. Le monsieur file déjà, il disparaît dans la masse de gens. Je soupire et je m'élance sur le bitume, risquant d'abîmer mes godasses qui valent deux repas dans un restaurant hype. Tant pis. Ça y est, je suis derrière lui, je lui tapote l'épaule en souriant. Il se retourne et me dévisage, horrifié.

-Je voulais vous donner ça.

Lentement, je me défait de mon manteau et je lui tend. Les autres passants me regardent comme si j'étais un demeuré. Peut-être. Le mec continue de me fixer, je décèle dans son regard une surprise en suspens.

-P... Pourquoi vous faites cela ? dit-il tout bas.

-C'est normal. 

Et ses larmes coulent de plus belles, il plaque ses mains contre ses yeux et se met à répéter: merci ! en boucle. Je ne pensais pas que ça pouvait l'aider à ce point. Cool. Je pose ma main sur son épaule et je le regarde:

-Vous en avez plus besoin que moi, hein.

Il hôte ses mains de son visage et me remercie d'un hochement de tête, puis enfile le manteau et s'éloigne. A ce moment là, je me sens vide, j'ai froid et je regrette. Oui, je viens de faire une bonne action, OK. mais maintenant ? Je sers les bras autour de mon corps, le vent me fouette et la pluie me frappe. Bon, il faut que je rentre chez moi pour prendre une veste. Je fais demi-tour et, je ne sais pas pourquoi, sur le chemin j'aperçois plus clairement les SDF, les asociaux et les yeux gonflés des drogués qui vont aller se coucher. En rentrant dans mon appart', je flanque la porte et m'adosse contre un mur. En face, la fenêtre me renvoie les images de la rue. Je ferme les yeux en me disant que, finalement, tout va bien. 



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⏰ Dernière mise à jour : Dec 21, 2017 ⏰

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Le monsieur du bancOù les histoires vivent. Découvrez maintenant