chapitre 1

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Il faisait chaud en ce mois d'août. Plus que quelques jours avant la rentrée et je ne savais toujours pas à quel lycée j'étais. On démenageait souvent avec mon père, soit disant pour le travail, mais je sentais bien qu'il avait peur de quelque chose. De ma mère peut-être... Cela faisait neuf ans que mes parents s'étaient séparés, allez savoir pourquoi. Du coup, une fois je me retrouvais au fin fond du Méxique, une autre en plein centre ville à Tokyo. Point positif, je parle plus d'une cinquantaine de langues.

Nous étions en train de préparer nos valises pour partir je ne sais où, quand mon père entra dans ma chambre et me lança un livre en pleine figure. Non mais il veut ma mort ou quoi! Il est énome ce livre! Je me frottai la tête et regardai la couverture... "Le coréen pour les nuls" !!! Attend je rêve là!! Ça veux dire qu'on part pour la Corée!! Mon père, qui en avait mare de me voir courir, sauter et crier m'attrapa par l'épaule et me prit dans ses bras en me serrant assez fort pour que je ne puisse plus bouger. II plongea ses yeux noirs dans les miens toujours aussi jaunes. Etrangement, ça ne l'avait jamais dérangé. Il parait que je tenais ces yeux du soleil en personne.C'est ce que disait mon père quand j'étais petite.

-Aller Yui. Vas finir ta valise, on part dans deux heures. Et me regarde pas avec ces yeux. Tu ressembles beaucoup trop à ta mère, ajouta-t-il tout bas.

Je venais juste de terminer de ranger mes affaires quand mon père débarqua dans ma chambre (encore) et s'écria:

-Yui ! viens vite! Il faut partir! MAINTENANT !!

Ne comprenant pas, je reste planter là, à le regarder. Il a l'air complètement affolé. On avait pourtant plus d'une heure et demie devant nous avant que l'avion ne décolle. Voyant mon non-réagissement, il me pris par le bras et le serra à m'en faire mal. Il m'entraina dans l'escalier et nous fourra, mon sac et moi, dans la voiture et démarra en trombe. Il regardait sans arrêt dans le rétroviseur, comme si nous étions suivis et que nos poursuivants étaient à deux doigts de nous rattraper. Je savais que ma mère n'était pas très nette, mais de là à faire fuir mon père et à le mettre dans un tel état... Non c'était forcément quelqu'un d'autre qui nous poursuivait. Je décidait de sortir de mon mutisme et dis:

- Papa? Qu'est-ce qui se passe? Pourquoi es-tu si...pressé et angoissé. On dirait que tu as vu un fantôme.

Il ne répondit pas tout de suite. Ses mains tremblaient sur le volant. Une goutte de sueur perla sur son front. Il finit par se retourner vers moi et dit:

-Nous en reparlerons plus tard, d'accord ?

Quelle déception! Je m'attendais plutôt à une phrase du genre: "Tes yeux détiennent un pouvoir et des méchants veulent s'en emparer" mais bon, on ne peut pas tout avoir.

AmbraeziaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant