Différent(d)

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Ben riait de bon coeur une fois que j'eus finis de raconter ma chaude anecdote d'hier soir.

« — Putain de merde Charlie, t'es un vrai bourreau des coeurs !

— Il faut profiter des bonnes choses de la vie, mon vieux, avant de ne plus en être capable. »

Il arrêta de rire, progressivement. Je sentais son regard sur mon dos pendant que je rangeais les nouveaux livres.

« — Plus sérieusement, mec... tu penses pas qu'il serait temps de te ranger ? »

Je me tourne vers lui, espérant changer de sujet avec une vieille vanne.

« — Me ranger ? Comme un de ces putains de livres ? »

Ben secoua la tête, désespéré. Ok, visiblement sa n'a pas marché.

« — Arrête Charlie. J'veux dire, sans dire que t'es un ancêtre, t'es quand même plus tout jeune... Non ? »

J'essaie de ne pas me crisper à l'entente de ces mots, et je continue à ranger les livres le plus tranquillement possible. Ce gamin n'y va pas de main morte. C'est aussi pour ça que je l'ai embauché, mais bon.

« —Dis donc Ben, j'te paye à me traiter de vieux chnok ou à m'aider à ranger ces bouquins ? »

Il ricana et se mit à mes côtés pour m'épauler.

« — J'regarde juste la vérité en face, moi. »

Ce commentaire lui valut un livre « malencontreusement » tombé sur son crâne. J'aurais beau esquivé de toutes les manières possible, ce sujet me rattrapera toujours.

Charlie, 37 ans, toujours à courir après les filles au lieu de chercher une femme. Je suis ce que l'on peut appeler un célibataire endurci... par mes partis de jambes en l'air régulières. Et même si sur le coup ce mode de vie me plaît, avec du recul je sais que ce n'est plus vraiment ce que je veux.

Les remarques de mon entourage à ce sujet commencent à se faire de plus en plus récurrentes. Et je déteste qu'ils aient raisons.

« — Charlie, j'ai finis, j'peux rentrer chez moi ? »

Je jette un oeil à l'horloge de la librairie. Déjà midi. Les vendredis passent à une vitesse folle.

« — Bien sûr, vas-y. Bon week-end ! »

Il rit en enfilant sa parka.

« — Il ne sera pas aussi torride que les tiens ! »

Je ricane et prend un ton sarcastique.

« — Pourtant c'est moi l'ancêtre non ? »

Il s'en va en me montrant son plus beau doigt, et sors de la boutique. Je tiens cette librairie depuis une dizaine d'année. Celle-ci étant la seule du coin, les affaires ont plutôt bien fonctionné. Très vite, ma réputation est passée du « mauvais garçon séducteur » au « séduisant mauvais garçon qui s'est rangé ». Et sa m'a toujours convenu.

Je suis né dans ce petit quartier de Londres. Ce genre de quartier tranquille mais beaucoup trop pour que ce soit vrai ; y circule de petits trafics inoffensifs en tout genre, connus de tous. J'ai grandis dans cet environnement avec un père marin retraité au bord de l'alcoolisme et un petit frère devenu encore plus brutal et con que son géniteur. Je suis le seul à avoir bien tourné. Enfin plus ou moins.

Mon portable vibre, pour m'annoncer un appel d'Alex, mon abruti de frère. J'abandonne mon rangement pour lui faire l'honneur de répondre.

« — Qu'est-ce que tu veux gamin ?