Awakening

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"Damien ?"

Je sursaute, me prenant le rebord de l'étagère au-dessus de moi dans le front.
Ma fâcheuse tendance à être trop tendu depuis quelques jours ne me quitte plus, je m'énerve moi-même.

Mes yeux se dirigent presque d'eux-même vers l'origine de la voix, juste derrière moi.

"Quoi ?"

Hugo me jette un regard perplexe, le téléphone collé contre l'oreille.
Mon intonation a grippé et il a l'impression que je suis en colère.

Mais je ne lui en veux pas.
Parce que la colère ne me quitte plus, elle non plus.

"Pour toi."

Ses mains un peu moins grandes que les miennes me tendent le combiné, dans lequel j'entends encore quelqu'un parler.
Mais je n'en veux pas.

"Raccroche." Lui ordonnai-je presque, en me retournant à nouveau vers la baie vitrée donnant sur le balcon, renfonçant mes mains au fond de mes poches.

Je peux presque le sentir grimacer.

"Non."

Ma voix s'apprête à s'élever contre lui mais il enchaîne sans prêter la moindre attention à ma tension qui a monté d'un cran suite à son obstination.

"Thomas s'est réveillé."

Je ne comprends pas sa phrase.

"Hein ?"

Je remercie la patience dont il a fait preuve pour moi pendant ces jours interminables.

"Thomas s'est réveillé." Répète-t-il, toujours aussi doucement.

Sa main se pose sur mon épaule, que je devine tremblante comme tout le reste de mon corps.
Je ne contrôle plus rien. J'ai même l'impression que mon cerveau va lâcher.

"Si c'est une blague...
- Non."

Mes yeux deviennent humides, et je peux sentir la boule de chaleur qui avait prit tant de temps à disparaître revenir presque d'un coup.
Un hoquet s'échappe de ma bouche, que je m'empresse de couvrir de mes mains comme tout mon visage.

Je n'y croyais plus.
Ils m'avaient bien fait comprendre que ce serait un miracle s'il se réveillait.

Et là, juste un jour exactement avant qu'ils ne le débranchent...

Je m'entends sangloter de joie, et je peux voir Hugo du coin de l'œil sourire et me frotter l'épaule en un nouveau geste de soutien.
Lui aussi, ses yeux brillent, mais il ne pleure pas.

Il recolle juste son oreille au combiné.

"On arrive."

...

Hugo conduit.
C'est bête à dire, mais depuis que Thomas est à l'hôpital, je fais beaucoup plus attention à ce qu'il fait au volant.

Mes doigts se crispent autour de l'énorme bouquet que j'ai acheté, qui tient à peine sur mes genoux.
Je pensais pas un jour faire attention à la signification des fleurs. Pour moi c'est n'importe quoi.
Mais je sais que Thomas y aurait porté beaucoup d'attention.

C'est parce qu'il aime les détails infimes que je lui ai prit des iris jaunes et violettes.
Le fleuriste m'a dit que c'était une bonne combinaison pour un ami à l'hôpital.

Je le crois.
Et j'irai même peut-être me renseigner là-dessus.

L'hôpital est encore plus bondé que d'habitude, et nous mettons presque deux heures à trouver une place de parking ainsi que l'entrée.
Mais j'ai l'impression d'être habité par une espèce de dieu de la patience, vu à quel point j'arrive à rester calme, contrairement à Hugo.

Misery - TerrainkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant