Le petit Prince : La suite

Une nouvelle aventure

Depuis que je suis petite, mon défunt père me racontait des histoires sur le Petit Prince. Il m'a raconté ses aventures, il m'a parlé de sa personnalité ainsi que de ses cheveux couleur or et de son rire mélodieux. Au début, je pensais que ce n'était que des fables pour enfants, mais mon père n'a jamais cessé de me les raconter, même lorsque j'ai atteint l'âge des grands. J'ai fini par comprendre que ces histoires étaient vraies et à quel point le Petit Prince lui manquait. Des fois, je le surprenais en train de dessiner une courroie de cuir sans raison.

J'ai plus tard compris la signification de ce dessin, il était lié au dernier vœu de mon père : donner cette courroie au Petit Prince afin qu'il puisse attacher son mouton. Pour réaliser son souhait, j'ai fabriqué un vaisseau spatial afin de me rendre sur l'astéroïde B-612, la planète où vit le Petit Prince.

En premier lieu, je suis allée au désert du Sahara, à mille milles de toute terre habitée. Au loin, je ne voyais que le sable couleur miel et les dunes infinies. Après avoir effectué des calculs complexes, j'ai trouvé l'endroit exact où mon père avait vu le Petit Prince. Lorsque la nuit est tombée, j'ai regardé attentivement le magnifique ciel étoilé, pensant à ce petit garçon aux cheveux dorés. J'ai fermé les yeux et c'est à ce moment-là que je les ai entendues: les étoiles riaient. J'ai alors su qu'il était temps pour moi de partir. Montant dans mon vaisseau, des paroles de mon père me sont revenues à l'esprit: «Regarde avec ton cœur, l'essentiel est invisible pour les yeux» (1). Un frisson d'excitation m'a soudain envahit et j'ai à peine senti ma montée dans l'espace.

Me trouvant dans la région des astéroïdes B-609, B-610 et B-611, j'ai commencé par les visiter pour y trouver des informations concernant le Petit Prince.  La première était habitée par une petite fille. Un diadème couronnait sa tête enfantine et ses jouets étaient si nombreux qu'ils prenaient toute la place sur sa planète.

- Donne moi ton vaisseau! s'est écriée la petite fille, lorsqu'elle m'a vue.

Je lui ai expliqué le plus gentiment possible que mon vaisseau spatial n'était pas à donner, puisque j'en avais encore besoin. Elle m'a alors regardée d'un air furieux.

- Je VEUX et j'EXIGE que tu me donnes ton vaisseau! a- t- elle hurlé, rouge de colère.

Je lui ai réexpliqué ma situation, mais elle s'est bouchée les oreilles et elle m'a appris qu'elle obtenait toujours tout ce qu'elle voulait. Pour la calmer, je lui ai promis de lui ramener un vaisseau spatial beaucoup plus beau que le mien, si elle me laissait partir. Elle a accepté en rechignant, me rappelant qu'elle le voulait rose bonbon et décoré d'étoiles. J'ai accepté en me disant que les enfants étaient bien étranges.

La deuxième planète était habitée par un petit garçon turbulent. Une piste de course recouvrait toute sa planète. Quand il m'a vu, il m'a salué en hurlant. Il n'arrêtait pas de courir et de sautiller partout, comme s'il avait des puces.

- SALUT ! Tu veux jouer avec moi ?

- Oui, je...

Et avant que j'ai pu finir ma phrase, il était parti faire un tour. Cet enfant est bien étrange, il semble incapable de resté en place plus de deux secondes. Lorsqu'il est revenu devant moi, il m'a demandé :

- Je peux visiter ton vaisseau spatial ? Je peux visiter d'autres planètes avec lui ? Je peux en avoir un pour moi, en bleu?

Et avant que j'aie pu répondre, il était reparti. Puisqu'il ne s'emblait plus me prêter attention, je suis retournée à mon vaisseau en espérant que le petit prince ne soit pas aussi bizarre.

Sur la troisième planète, il y avait trois volcans qui étaient aussi hauts que mes genoux, et l'un d'eux semblait éteint. Un peu plus loin, un petit garçon était en train d'arracher des mauvaises herbes, c'était sûrement les pousses de baobabs. Lorsqu'il s'est retourné vers moi, j'ai retenu mon souffle. Il était exactement comme mon père me l'avait décrit, avec ses beaux cheveux couleur or et ses vêtements colorés.

- D'où viens-tu? Qui es-tu? Pourquoi es-tu ici ?, m'a-t-il demandé.

- Salut ! Je viens de la planète Terre. Tu as déjà rencontré mon père lors de ton voyage, il y a plusieurs années. Te souviens-tu de lui? Il voulait te donner une courroie de cuir pour attacher ton mouton.

Il m'a regardé attentivement et a pris le dessin, mais n'a pas répondu à ma question. Mon père m'avait dit qu'il ne répondait jamais aux questions. En regardant le dessin, il a commencé à rire. Son rire était si mélodieux ! Il me rendit le dessin en disant :

- Je n'ai pas besoin d'attacher mon mouton. C'est si petit chez moi qu'il n'ira pas très loin. Et c'est quoi un père?

- C'est difficile à expliquer.

Cependant, le petit prince ne renonce jamais à une question une fois qu'il l'a posée.

- C'est quoi un père ?

- Euh, c'est une personne qui veille sur toi, qui te protège et qui est toujours là pour toi. Ainsi, tu n'es jamais seul.

Quand j'ai prononcé cette dernière phrase, il m'a regardé avec émerveillement.

- Tu veux être mon père?, m'a-t-il demandé d'une voix presque timide.

- Père, c'est pour les garçons. Mais je peux être ta mère. C'est la même chose qu'un père, mais pour les filles.

- C'est d'accord, je ne veux plus être seul.

C'est ainsi que j'ai fait la rencontre du héros des récits de mon enfance. Je comprenais enfin pourquoi mon père s'était autant attaché au petit prince. Après tout, après seulement deux minutes passées auprès de lui, j'acceptais déjà d'être sa mère! Cependant, c'est comme si je le connaissais depuis toujours. Et cela, grâce à mon père. Papa, merci d'avoir fait en sorte que je rencontre ce merveilleux petit garçon aux cheveux d'or.

(1) La citation exacte dans l'histoire originale est : «On ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux.» Je l'ai un peu modifiée pour la mettre dans cette histoire.