Chapitre 9 : Remise en question

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Malheureusement, rien ne se passe comme prévu. La balle rebondit contre le mur dans tous les sens et tout le monde tente de se mettre à couvert. Or, le morceau de zinc termine sa course...dans ma main. 

 | Choc |

La douleur me surprend. Elle fend mes muscles, brule mes veines me pousse à user de mes cordes vocales. Pour faire simple, je me mets à hurler mais il y a tellement plus que cela dans ce geste. Je rage face à ma douleur mais également face à la tournure des événements.

| C'est la merde. | Et cela empire avec le temps qui s'écoule...

L'homme qui me tient ressert sa poigne et essaie de voir ma blessure, mais je gesticule dans tous les sens.

Je.

Souhaite.

Que.

Cela.

S'arrête

Définitivement. 

Winnie qui auparavant était une quinzaine de mètres de nous est devant moi, l'air soucieux. Ses traits sont tirés, ses sourcils froncés, sa bouche est semblable à une ligne. Ses sentiments à mon égard commencent réellement à m'exaspérer. Je ne le connais pas, putain !

Hulk qui allait se faire tirer dessus, devient ivre de rage_ je le comprends tellement, je suis dans le même état que lui avec une balle entre les phalanges_ et fonce sur celui qui me maintient et dont je ne connais même pas son nom. 

La jeune fille qui m'insupporte tente de se mettre entre les deux mais lorsque deux géants s'affrontent mieux vaut rester loin. Ainsi je recule. Mes pas butent contre les sacs remplis de liasse de billets. Je m'interroge alors. 

| Pourquoi nous terrons-nous ? | Nous aurions pu sortir depuis belle lurette. J'aurais pu oublier ce cauchemar réel qui me terrorise jusqu'au fin fond de mes os.

Instinctivement, mon regard coule vers l'homme à la photo. Il me parait bien le seul à vouloir me donner des réponses, cependant lorsque je vois son sourire carnassier, je me stoppe dans ma démarche d'aller le voir discrètement.

Il se repait de la scène, de ce chaos, de la peur qui en ressort. Et je le reconnais enfin. 

Je me disais que je l'avais déjà vu. Les sensations me surprennent et je me revois sur cette vieille balançoire rouge quand j'avais quatorze ans. 

Une vieille balançoire préside un terrain vague près de mon ancienne école. Depuis mon jeune âge, j'y allais pour m'amuser et sentir le vent picoter ma peau. Qu'importe le temps, je restais sur cette balançoire. 

C'est mon ancre. Ce pourquoi, ce jour-là, j'y étais.

Plus les secondes passent, plus je  me confonds dans le temps. Je fais un retour dans le passé de cinq ans. 

Mes jambes se balancent d'avant en arrière tandis que mon esprit bouillonne. Je suis furieuse mais je ne me rappelle plus pourquoi. Mon père dit que c'est ma période où je broie du noir. Je broie du noir littéralement. Une essence obscure doit s'élever de mes pores. 

Les adolescents hurlent, tapent du poing, fument de la beu pour montrer leur désaccord, mais moi, je reste des heures sur une balançoire rouillée en face d'une école de mon quartier défavorisé.

Mes larmes se déversent relâchant la pression accumulée depuis des semaines. J'entends les commentaires de la radio.

-Encore un braquage, disent-ils.

Je souffle d'énervement. Tout le monde parle du braquage. Jésus prétend que c'est le casse du siècle et qu'enfin les Charlos_ les gens des quartiers défavorisés de Charleston_récupèreront ce qu'ils leur reviennent de droit. Mais ce sont des vulgaires conneries. 

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