Tout Change Absolument Tout

2

- M'oblige pas à y aller. S'il te plaît, maman. Ça sert à rien de m'envoyer là-bas... Je vais bien, je te le jure.
-Inutile de discuter, Romy.
Ma mère ferme ma valise d'un geste sec, la prend et descend les escaliers d'un pas décidé. Je la suis. Je dois lui tenir tête, faire en sorte qu'elle me croie. Il faut que quelqu'un me croie, je vais bien je ne vais pas retombée dedans. Je ne vais pas retomber, je vais le faire pour Tess.
Mon père nous attend devant la porte d'entrée, son manteau sur le bras, comme si il était près à partir au travail.
- Prêtes? demande-t-il.
-Oui. répond ma mère.
Elle commence à sortir de la maison mais voyant que je ne suis pas elle s'arrête et se retourne pour me regarder droit dans les yeux.
-Non.
Je suis sur la dernière marches, je redresse mes épaules et croise les bras. Ma jambe blessée tremble tandis que mes parents me contemple d'un aire déçu.
-Je n'irais pas. Vous pouvez pas m'y forcer.
Mon père soupire et baisse les yeux sur ses chaussures.
- Monte dans la voiture, Romy Hathaway, ordonne maman.
Lentement et posément je leur redis une énième fois:
-Je n'ai pas besoin d'aller où que ce soit. je n'ai pas rechuté. Tess et moi, avions pas bu, ni fumé. Je n'est pas rechuté, je suis clean. Je suis prête à passer tout les testes que vous voulez.
-La police a retrouvé des pilules dans ta poche, Romy, réplique papa.
Il a la voix rauque et les yeux rouge. Il a visiblement pleuré. A cause de moi. A cause de ce qu'il est persuadé que j'ai fait.
- Il y avait tes empreintes sur le flacon. Vous deviez être chez Tess et non à la fête foraine,pour vous procurer de la drogue. Même si au final tu les a pas prises pilule tu les a achetées. Elles ne sont pas apparues comme par magie dans ta poche. Earthside est le meilleures endroit pour toi, pour l'instant. Tu sais nous avons dû nous battre, avec ta mère, pour que tu ne passe pas devant le juge pour possession de drogue?
Désespérée, je les dévisage  tour à tour. Papa refuse de soutenir mon regard. Quant au visage de maman, il est figé. Elle est en mode reine de glace, rien ne la fera fondre.
Mais je dois essayer.
- Je vous l'ai déjà dit. Ces pilules n'étaient pas à moi. On était pas à la fête foraine pour acheter ça. Tess voulait simplement s'amuser un peux avant les examens. La police fait carrément fausse route, et, en plus, ils sont convaincu que je mens, j'ai besoin de vous, j'ai besoin que vous me croyez.
- Est-ce que tu as une idée de ce que nous avons traversé à cause de toi, ton père et moi? attaque maman, ma valise toujours dans sa main. Et Mme O'Brien ? Elle a déjà perdu son mari, et maintenant sa fille ! Et tout sa car tu voulais planer un coup.
Elle crache les mots et j'ai l'impression d'être une moins que rien. J'ai les larme aux yeux, elle ne sais pas que moi aussi j'ai perdu Tess, c'était ma meilleure amie.
Mais maman continue de me fusiller du regard et poursuit :
- Si tu ne monte pas dans cette voiture Romy pour te faire soigner, je jure devant dieu... Même si tu n'a pas rechuté vas-y au moins pour cette été et on verra par la suite.
Ses yeux pleins de larme scintille et sa colère s'évanoui subitement.
-Je veux pas encore risquer de te perdre, murmure-t-elle d'une voie tremblante a cause du poids de ses mots. C'est ce que j'aurais dû faire la première fois . Je ne ferais pas cette même erreur.
Elle durcit le ton.
-Monte dans la voiture.
Je ne bouge pas. J'en suis incapable. Ce serait admettre qu'elle a raison.
Six mois, cinq jours, quinze heures.
Ça  fait six mois, cinq jours et quinze heures que je n'ai rien pris. Je me le répète en boucle. Tant que je m'accrocherai à ça, tant que je serai décidé à faire monter les chiffres - minute par minute, jour par jour, j'y arriverai. Il le faut.
-Maintenant, Romy.
Je secoue la tête et m'agrippe à la rambarde.
- Je ne vous laisserai pas faire ça.
Tess occupe toute mes pensées.
Mon père me saisit pas la taille, m'oblige à lâcher prise et me charge sur son épaule, tel un pompier évacuant une victime. Il est quand même doux; papa à toujours été doux avec moi, comme lorsqu'il me portait à l'étage après mon accident. Mais la douleur ne suffit plus à le rassurer. Je lui bourre le dos de coup de poing, le visage rouge de colère, je hurle mais il ne s'arrête pas. il ouvre la porte d'un mouvement sec. Depuis le porche, maman nous regarde, les bras serrés autour d'elle, comme pour se protéger.
Il descend l'allée, me pose dans la voiture et, calmement s'installe derrière le volant.
- Papa.
Les larmes ruissellent sur mes joues.
- S'il te plaît, il faut que tu me croies.
- Chérie, c'est pas un camp de désintox, c'est juste un camp pour les jeunes en difficulté. Dit toi que c'est comme une colonie.
Sur les dernier mots de mon père j'ai compris que j'avais perdu. J'allais passer 8 semaines dans un camp que j'aurais jamais dû connaître.
Je me tourne côté fenêtre, enfile mes écouteurs et regarde le paysage défiler sous mes yeux .