Secrets

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Au bord du désespoir, je luttais autant que je le pouvais sous les attouchements de plus en plus avides de celui que je considérais encore quelques minutes plus tôt comme un ami.

Tout à coup, la pression que son corps exerçait contre le mien s'évapora et Jordan fut propulsé plusieurs mètres loin de moi.

J'ouvris de grands yeux ahuris en découvrant Thomas, l'expression mauvaise, se jeter sur Jordan pour lui asséner un violent coup de poing en plein visage.

—Thomas, non !

Je m'élançais vers lui pour le retenir. Jordan se releva péniblement et déguerpit sans demander son reste.

Thomas se tourna aussitôt vers moi. Son regard me sonda rapidement pour s'assurer que j'allais bien.

—Il t'as fait du mal, s'inquiéta-t-il la voix déformée par une colère sourde. Il t'a touchée ?!

—Ça va, j'ai rien, t'inquiète !

Il me prit dans ses bras et m'incita à le suivre.

—Viens, on va chez moi.

—Quoi, non, je vais rater mon bus...

—Je te raccompagnerai, je te laisse pas repartir dans cet état.

Je cessais de lutter et lui suivis docilement.

Il m'invita à m'installer sur le sofa de son salon. J'obéis, tremblante, tandis qu'il disparaissait dans la cuisine.

Il en ressorti quelques minutes plus tard, une tasse fumante à la main.

—Tiens, dit-il en me tendant la tasse. Ça te fera du bien.

Il prit place à côté de moi et me serra doucement contre lui.

—Ça va aller... ? Tu veux m'en parler ?

—Non, je... Enfin, y'a rien de particulier à dire...

—Tu rigoles, c'est pas anodin ce qu'il t'a fait.

—Je... J'ai pas très envie d'en parler. Il semble que je lui ai envoyé de mauvais signaux et il a tenté sa chance.

—Excuse-moi ? Tu penses que c'est ta faute ? Hey, j'ai vu ta façon de te comporter avec lui, tu n'as rien à te reprocher, ton attitude n'avait rien d'ambigüe ! Ce gamin est dérangé. Il a pas intérêt à t'approcher encore !

—Quoi, tu vas jouer les gardes du corps, c'est ça ?

—S'il le faut. Ça me dérangerait pas.

Je levais des yeux timides vers lui. Sans que je ne m'en aperçoive, ma respiration s'accéléra. Son visage n'était qu'à quelques centimètres du mien. Il remit affectueusement une mèche de cheveux derrière mon oreille. Une chair de poule me parcouru l'échine.

Inconsciemment, je me rapprochais doucement de lui. Je ne désirais qu'une seule chose à cet instant. Sentir ses lèvres sur les miennes.

Son visage avança à la rencontre du mien. Et puis tout à coup, il dévia sa trajectoire et déposa un chaste baiser sur mon front.

—Je te ramène chez toi, souffla-t-il.

Je me détournais et avalais une gorgée du breuvage brûlant pour masquer ma déconvenue.

Il s'empara d'un stylo et griffonna rapidement quelque chose sur un morceau de papier qui traînait sur la table.

—Tiens, dit-il en me tendant le papier. Si tu as besoin de quelque chose, appelle-moi. N'hésite pas d'accord ?

Le sang oubliéWhere stories live. Discover now