Eté 2015

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Fin août 2015

En juin, je fêtais mon treizième anniversaire. Arrivé à la fin des vacances d'été, j'avais rendez-vous chez le médecin. Je m'y suis rendue avec mon papa et mon petit frère Antoine, 11 ans. C'était une simple visite de contrôle, juste pour vérifier si j'étais toujours apte à continuer la gymnastique puisque j'allais débuter ma 6ième année. Dans son cabinet, Antoine réussissait tous les tests un par un. Respiration régulière. Taille normale. Battements du cœur constants. Poids correcte. Colonne vertébrale droite. Lui, il voulait avoir le feu vert du Dr. VH pour pouvoir débuter le tennis. Et puis ce fut mon tour. Ma respiration était régulière. Ma taille flirtait avec la courbe représentant la moyenne la plus basse qu'il ne fallait pas franchir mais dû au fait que j'étais un bébé prématuré qui avait manqué de nourriture dans le ventre de sa mère. Mes battements de cœur étaient constants. Mon poids correcte. Ensuite, mon docteur m'a demandé de me pencher en avant de façon à ce que mes mains touchent mes pieds. Il a passé un doigt rugueux le long du creux de mon dos. Il a froncé les sourcils. Il était presque paniqué. Il a expliqué clairement à mon père ce qu'il avait senti : une colonne pas droite. J'écoutais d'une oreille ce qu'il disait. Pour moi, ce n'était pas grave, ça allait passer. Je remettais donc mon t-shirt et mes chaussures, tranquillement. Mais notre docteur nous quitta donc après nous avoir demandé d'aller faire au plus vite quelques radios.

Nous sommes allés au cabinet de radiologie deux jours après ce rendez-vous. Et cette fois, seul ma mère m'accompagnait. C'était la première fois que j'allais dans un bâtiment comme ça. Ma première radio aussi. Je ne me suis jamais cassé un bras ou eu une fêlure aux côtes. Ma grosse blessure se trouve être 3 points de suture au front. Et maintenant, mon dos. Au cabinet, je ne me rappelle pas très bien les détails mais je me souviens tout de même qu'on est passé en salle d'attente alors qu'il n'y avait personne. Puis une dame m'a demandé de venir. Je l'ai suivi dans une salle assez sombre et elle m'a demandé de me déshabiller. Alors j'ai exécuté. Je me sentais mal à l'aise, d'enlever mes vêtements un par un devant cette dame qui vaquait à ses préparations. Mais après tout,  je me suis rappelée qu'elle devait avoir l'habitude, des petites gamines nues venues passer une simple radio, vu que c'est son métier. Et après je ne sais plus si j'étais debout ou allongée. Je ne saurai vous dire. Quoi qu'il en soit, tout s'est bien passé. Quand je suis revenue dans la salle d'attente au près de ma mère, une autre dame nous a donné les radios que nous avons tout de suite rapporté au Dr VH. Ces preuves qu'il tenait fermement entre ses mains lui a donné confirmation sur ce qu'il redoutait -ce que nous redoutions tous, finalement. J'ai bien une scoliose.

Et maintenant, tout devait aller vite, il ne fallait pas perdre de temps ou sinon il serait trop tard. A moins qu'il fût déjà trop tard et que tout ce qui allait suivre aura servi à rien. Nul ne le sait. Ni moi, ni personne.

Le cylindre dans un pavé droitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant