Prologue (Partie 2) : Un Bouleversement

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Je suis en retard.

Je descends les escaliers en trombe, tout en finissant de boutonner ma chemise. Mon petit-déjeuner est prêt.

Merci papa.

Je me dépêche de me préparer avant d'aller au lycée. C'est nul, je ne pourrai pas admirer le soleil levant aujourd'hui. Contrairement à tous les matins, je cours dans la rue. Je ne fais même pas attention à ce qu'il y a autour de moi. Normalement, je prends le temps de passer par la côte afin d'avoir une vue sur le bleu de la mer, ou plutôt de l'océan.

Lorsque je passe les portes de Life-Thief HighSchool, la sonnerie retentit.

Ouf, tu as eu de la chance...

Je me rends en classe d'anglais grâce à un camarade qui traînait encore avec ses amis. Il toque à la porte et je fais de même.

— Vous êtes en retard, nous lance un mec chauve.

Après s'être excusés, nous prenons place à nos bureaux respectifs.

L'homme qui nous avait ouvert la porte commence à nous annoncer quelque chose qui devait ressembler à ceci:

— Nous avons une triste nouvelle à vous apprendre: Le proviseur du lycée est décédé hier d'une crise cardiaque. Le gouvernement nous impose de le remplacer sous peu, sinon vous serez obligés de faire entre 10 et 30 kilomètres chaque matin et chaque soir pour vous instruire.

Chacun est un peu triste, et, même si je ne connaissais pas personnellement ce proviseur, il est normal que cela m'affecte, c'est difficile de penser qu'une personne est partie.

— Une minute de silence sera effectuée à midi pile, ne soyez pas en retard.

Il s'en va. La prof a l'air de se décomposer sur place.

— Eric...Monsieur Tot était un homme merveilleux.

Elle s'en va. Personne ne parle, seul le sanglot de l'institutrice retentit dans le couloir.

♪♪♪

Les douze coups de Midi sonnent lorsque nous trouvons tous dans ma cours.

— Monsieur Tot était un homme bien. Il a passé sa vie à aider les gens et à maintenir une atmosphère chaleureuse et agréable dans ce lycée. Cela faisait 46 ans qu'il était proviseur ici et jamais, jamais, il n'a démissionné. Il essayait d'être juste continuellement. Il chérissait cette établissement et il n'a jamais hésité une seconde lorsqu'on lui a proposé de travailler autre part. Malheureusement, ce sont les grands hommes qui nous quittent en premiers. Il est parti, loin. Peut-être a-t-il trouvé la paix...

Il laisse un petit moment de silence.

— Je vous prierai donc, en mémoire à ce remarquable personnage de garder le silence pendant une minute durant laquelle chacun pourra se recueillir et s'adresser à monsieur Tot.

Tout le monde respecte cet émouvant hommage. Même les personnes qui pleurent le font en silence. Chacun profite de ce calme, ce petit instant de repi dans ce monde oppressant où le stress ambiant nous plonge dans une angoisse chronique.
Chacun profite de cet instant de paix, et celà est beau.
Je m'obstine à penser que tout n'est pas noir ou blanc, joie ou tristesse, juste et injuste. Il y a, en effet, un point positif à cet événement : tout le monde est solidaire et aide les autres. Les ennemis d'hier sont les alliés d'aujourd'hui. Les plus forts aident les plus faibles. Tout cela rend la mort mémorable et utile.

L'hymne nationale retentit, ainsi que quelques autres musiques jouées par le groupe du lycée.

Aujourd'hui est un mauvais jour. Nous ne travaillons pas, nous n'avons pas le moral de le faire. Je rentre chez moi mes écouteurs bien fixées à mes oreilles et j'écoute l'adagio en sol mineur¹ en boucle.
Même si je ne connais pas cet être, cela m'affecte énormément.

Une semaine plus tard.

Le chemin de l'école est le même depuis une semaine. L'eau de la pluie ruisselle sur les trottoirs. Le temps grisâtre représente étrangement bien mon humeur grise, tout comme si la météo était reliée à mon esprit.
Je me rends machinalement au lycée lorsque je vois sur la porte d'entrée une feuille d'information portant ces inscriptions :

À tous les élèves.
Nous tenons à vous faire part de l'arrivée du nouveau proviseur du lycée Life-Thief. Ce dernier passera dans les classes afin de vous transmettre de plus amples informations.
Le secrétariat.

Alors c'est comme ça. Ils l'ont déjà remplacé. Il ne veulent vraiment pas perdre de temps. Ce n'est pas juste...pour lui...pour nous... Mais bon... Avec un peu de chance, il ne devrait pas être si méchant.
Je vais dans ma classe, je me conduit comme un parfait élève. À la moitié du cours, quelqu'un vient frapper à la porte. Le professeur ouvre, et un homme effrayant entre dans la salle.

— Lorsque le proviseur entre dans une classe, on se lève.

Nous nous faisons pas prier.
Cette personne là ne m'inspire pas confiance. Pas du tout. Mon corps essaie de persuader mon esprit de m'enfuir, et en courant, mais mon esprit, lui, sait que je ne pourrais pas échapper à qui que se soit. Si mon pressentiment représente une réalité, alors nous nous trouvons déjà dans le piège.

— Bien, nous allons pouvoir commencer.

____

¹ : Adagio In G Minor, Thomaso Albinoni

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⏰ Last updated: Jan 04, 2018 ⏰

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栄冠の運命 Le destin d'Eikan [FR]Where stories live. Discover now