Cyclone, six clones

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Sept heure du matin. Nouvelle journée de septembre qui pointe le bout de son nez. Dehors il fait frais, le ciel est à peine ensoleillé. Les quelques rayons lumineux de ce dernier viennent à traverser les volets de ta chambre. Quelques uns d'entre eux caressent le parquet, les bordures des meubles, et puis enfin ton lit, jusqu'à remonter jusqu'à ton visage. Malgré la lumière tu préfères rester couchée. Ton matelas étant peut-être la seule chose « agréable » qui ne t'ai jamais abandonné. Qui ne te lâchera probablement jamais. Tes mains jointes sur ton coussin, tu le rabats sur ta tête. Tu te planques de la lumière. T'espère quelques instants que tu pourras continuer à rêver de choses qui ne t'arriveront probablement jamais. La beauté de tes rêves ne sera sûrement jamais la beauté de cette triste réalité dans laquelle tu vis. Mais pourtant tu continues d'espérer. C'est là ta magnifique routine. Celle dont tu ne te lasse plus. Celle que tu connais depuis gamine. Depuis que t'es haute comme trois pommes. Depuis que tu te rends tous les jours dans cet enfer qu'on appelle « école ». Le silence règne dans ta chambre. Seuls les rayons du soleil viennent prendre de la place dans cette pièce qui n'est autre que la tienne. Celle qui t'es attribuée. Ta partie préférée de l'appartement que tu partages avec tes parents. Et ton petit frère. Et tes aînés, quelques années plus tôt. Ta chambre c'est ton chez toi, une mise en abime d'un appartement dans un autre appartement. La pièce que tu ne quittes jamais. Celle où tu te dépenses, tu évolues. C'est ton petit monde perdu dans un monde de brutes. Petite bulle qui s'échappe du monde extérieur. Ton monde qui vit dans le silence le plus complet. Excepté quand tu décides de temps en temps à pousser le son et à écouter de la musique jusqu'à pas d'heure. Parce que oui, la musique te fais vivre elle aussi. C'est ton échappatoire en quelque sorte. Quelque soit ton humeur, la musique c'est comme une amie pour toi. Ta plus fidèle amie. Toujours là à t'épauler quand ça va pas, à te booster quand t'en a besoin, à te faire chialer quand tu dois te lâcher. Qu'est-ce que tu ferais sans la musique au fond ? Peut-être qu'une grande partie de ton être n'existerait pas. La porte de ta chambre qui s'ouvre dans un bruit sourd, la voix de ta mère qui te tire de tes rêveries. « Lève toi ma chérie, c'est l'heure. » L'heure. L'heure de se lever, de quitter une utopie qu'on aime s'imaginer. Qu'on aime rêver et qui n'arrivera probablement jamais. L'heure de prendre son petit déjeuner, de se brosser les dents, se coiffer, se pomponner et d'enfiler des fringues neuves qu'on a acheté exprès pour l'occasion. Sept heure, l'heure où tout défile plus vite que la musique. Surtout les minutes. Ton regard fixe l'horloge du mur de la cuisine alors qu'un sentiment d'appréhension gagne et ronge petit à petit ton estomac. Stress, angoisse, peur. Trois mots clés qui te suivront tout au long de la journée. Tristesse. Le seul mot qui pourrait définir réellement l'état dans lequel t'es plongée. Mise à nue face à cette nouvelle rentrée. Première année au lycée. Année où tout va relativement changer. Fréquentations, mode de vie, maturité, liberté. C'est ce qu'on aime penser. Mais surtout règles, avenir, résultats, baccalauréat. C'est maintenant que tout va se jouer.

Les jours s'enchaînent et les mois se suivent. Le temps s'écoule aussi rapidement que le sable dégringole entre les deux extrémités d'un sablier. Et toi t'es là, comme bloquée dans le temps. Figée. Les jours se ressemblent et les journées sont longues. La nuit est la seule à te tenir compagnie, la lune est probablement ta seule amie. T'es seule contre tous. Seule contre tout. L'impression que le monde entier te reproche quelque chose en particulier. Ce quelque chose que t'arrives malheureusement pas à cerner. Et pourtant autour de toi, tout semble aller si bien. Les sourires sont gravés sur les joues de ces gamins qui courent dans les rues. Comme agrafés sur leur visages. Les personnes qui fréquentent la même école que toi, les « clones » comme t'aime les appeler, semblent se soucier le moins du monde des problèmes qu'ils pourraient cacher. Façade. Copiés-collés. Ils sont tous de pâles copies les uns des autres. Mais où se trouve leur humanité ? Société de merde. Les couples, les amis, les familles partagent leur moment de bonheur tandis que toi tu sombres dans le malheur. Et tu commences à t'y faire. T'apprécie ça malgré toi. C'est plus fort que toi. T'y peux rien, c'est comme ça. Comme si c'était le seul truc qui te maintenait en vie. Pouvoir encore ressentir quelque chose. Même si cette chose est loin d'être positive. T'apprécies de sentir que t'as encore les pieds enfoncés dans ce monde minable. Ce monde de brutes. T'es enfermée dans une sacrée routine depuis le premier jour de ta scolarité au lycée. Comme happée. Emportée dans un siphon qui semble n'avoir aucun fond. Tu supportes plus ces enfoirés. Qui aiment suivre les dernières tendances, qui aiment pomper leurs idées chez des personnes influentes. Ces gens là, qui se permettent de juger les autres. De leur dire qu'ils n'ont aucune personnalité. Aucun moyen de se distinguer d'eux-mêmes. Triste réalité lorsqu'on se rend compte que si on leur demandait d'être authentique, ils préféreraient probablement poser les dernières cartes de leur jeu et quitter la partie. 

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 09, 2018 ⏰

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