Chapitre 2

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Après un rapide petit déjeuner, c'est-à-dire quelques pancakes et un jus de fruit, je fis la vaisselle en un temps record, et ce fût l'heure de partir au lycée. Attrapant mon sac à dos, que je balançai sur mon épaule droite, je parti m'installer dans la voiture pendant que Georgia verrouillait la maison. A son tour, elle grimpa dans l'habitacle, et en route pour le lieu de torture. Le lycée. La pire chose que doit subir un adolescent de nos jours. Le lycée de Painfield se situe à peu près à un quart d'heure de chez moi, si bien que je fais les trajets à pied, la plupart du temps. Aujourd'hui, ma tante m'a proposée de me déposer en allant au travail. Sur le trajet, pas un mot sortait de ma bouche, ni de celle de ma tante. Ce qui était tout à fait habituelle. Je regardais par la fenêtre, et me mis à penser à mon rêve de cette nuit. Cela ne m'arrivait pas souvent, mais quelques fois, mes songes étaient tellement marquant que je ne pouvais m'empêcher de les ressasser. Je me repassais donc dans ma tête, des images représentant ma mère hurlant, une ombre effrayante sur le mur d'une cuisine inconnue, des objets suspendues comme par magie au-dessus du plancher, dans cette mystérieuse cuisine. Ce rêve-là était l'un des plus étrange que je n'ai jamais fait. Et ce fût par l'intensité de mes pensées que je ne remarquai pas tout de suite que nous étions à l'arrêt au feu rouge, celui se trouvant juste avant le lycée, et que quelqu'un m'observait de l'autre côté de la rue.

C'était un homme. Il devait avoir mon âge, peut être un ou deux ans de plus. Il était plutôt beau, la peau d'une blancheur qui semblais refléter les rayons du soleil, des cheveux acajou, avec de légers reflets roux, un regard dur et froid, avec des yeux très sombres. Il semblait furieux ou bien il réfléchissait, ses sourcils étaient froncés. Je ne pus détacher mon regard du sien, qui était intense, qui me brûlais presque. J'étais comme hypnotisé. Lorsque le feu passa au vert, je ne pus m'empêcher de me retourner sur mon siège pour continuer à le fixer, mais déjà, il avait tourné le dos. Je n'avais alors pas remarqué comment il était vêtu. De la tête aux pieds, de son pull moulant, son jean, et jusqu'à ses grosses bottes, tout était noir. Je me remis correctement sur mon siège, et fixais la route à présent, tout autant silencieuse. Je vis du coin de l'œil que ma tante était un peu agitée, presque inquiète. Avant que je n'aie eu le temps de la questionner, elle prit la parole avec une voix légèrement plus aigüe que d'habitude, signe de son animosité.

- Au fait Ana, ce soir je fini tard, donc tu devras te débrouiller pour rentrer à la maison. Et ne m'attends pas pour dîner. Il y a du poulet dans le frigo et il reste du gratin de légume d'hier, ça ira ?

- Oui, parfais tante Jo.

Et le silence se réinstalla. Je ne pus m'empêcher de me demander pourquoi ma tante était si bizarre tout à coup, et je résistai à grande peine à lui poser quelques questions. Mais la connaissant, je n'aurais pas plus d'explication. Au mieux, elle éviterait mes questions, au pire, elle me dirait de m'occuper de mes affaires. S'en était toujours ainsi avec les sujets sensibles et tabous. Restait à savoir pourquoi le sujet « garçon mystérieux » en était un. Mais je me contentais de me taire sachant que mes questions n'aboutiraient de toute façon à rien de concluant, mais ne servirait qu'à l'énerver.

Tante Jo me laissa sur le parking du Painfield Hight School, avec un rapide « Au revoir, je t'aime », et fila à toute allure. Je regardais la voiture s'éloigner, et lorsqu'elle tourna à un carrefour, je me décidais enfin à bouger. Je me retournais et fis face à mon lycée, et avec une certaine mauvaise volonté, et empruntais le chemin pavé qui menais à l'entrée de l'établissement en pierres brunes. C'était un bâtiment assez conventionnel, plutôt moderne, précédé par un petit parc, là où les élèves sortaient pendant les pauses ou y prenait leur déjeuner. Je me mêlais à la foule compacte d'étudiant, tous moroses autant les uns que les autres, à l'idée de rester confiné à l'intérieur de ce lieu maudit. Ma morosité à moi était à son apogée quand je me souvins que mon premier cours était Mathématiques, avec Mr. Paterson, un vieil homme aux pouvoirs grandement soporifiques. De plus, ce n'était pas une matière au je brillais, ce qui rendait les cours d'autant plus pénibles. Je me dirigeais donc vers le bâtiment B, sans grand enthousiasme. Une fois devant la porte, je poussais un grand soupir, et entrais à contrecœur.

DARKNESSWhere stories live. Discover now