J'arrive chez moi une bonne vingtaine de minute après mon départ du lycée. Je suis dans un état d'énervement palpable. J'ai besoin d'évacuer toute l'énergie qui est en moi, accumulé de cette nuit et par cette affreuse journée. Je n'entre même pas dans notre petite maison, je jette mon sac dans l'entrée et referme la porte violemment. Puis je me mets à sprinter jusque-là forêt. Même une fois que j'ai atteint la lisière, je ne m'arrête pas et m'enfonce dans les bois. Je retrace mon parcours de ce matin. J'arrive dans la clairière totalement épuisée et peinant à respirer. Je me laisse tomber par terre et regarde le ciel dégagé, les yeux pleins de larmes suite à mon effort, et surement aussi à mon énervement. J'expire d'immenses bouffées d'oxygène et je ferme les yeux. Cela dura vingt minutes, peut-être plus. Et ces minutes, je les utilisais à penser à cette affreuse journée et à me lamenter sur mon sort d'adolescente grincheuse. Non mais c'est vrai, pourquoi tout le monde pensait utile de ma dicter ma conduite ? D'abords ce stupides professeurs, ensuite Tony et ce matin tante Jo ! Bon tante Jo c'est un peu normale vue que légalement, elle est responsable de moi mais tout de même, je ne suis plus une enfant de cinq ans ! Je suis peut-être injuste mais bon, quand on est énervé, on n'est pas souvent juste. Et puis ce n'est pas comme si j'étais aller râler directement en face des personnes concernées.
Je songeais à me relever quand j'entendis un bruit, une branche qui craque sous le poids de quelqu'un. Je suis sûr que je ne suis pas seule, je sais reconnaitre les bruits des animaux, et ceux des humains. En l'occurrence, il s'agit bien d'un humain ici. C'est bizarre, d'habitude il n'y a jamais personne, encore moins en pleine journée. Mais quelque chose me pousse à réagir comme si je savais que rester ici n'était pas la meilleure des idées. Je me relève immédiatement, tous mes sens en alertes. Instinctivement, je cours le plus discrètement possible dans le sens opposé du bruit, qui vient de l'autre côté de la clairière, une partie de la forêt où je ne suis encore jamais allée. Je me cache derrière un arbre, juste à temps et toujours poussé par ce même instinct de survie avant que l'on me repère. L'homme qui vient de pénétrer dans la clairière à bien faillit me voir. Je ne sais peux pas expliquer pourquoi j'ai ressenti le besoin de me cacher. Une intuition ? C'est comme si c'était la meilleure chose à faire. Comme si ma vie en dépendait. Comme si l'homme était dangereux.
J'essaye de respirer le plus lentement, et le plus silencieusement possible. Je ne veux pas qu'il me découvre. Je n'ai même pas le courage de regarder à quoi il ressemble, et je me cramponne fortement à l'arbre, seule barrière entre moi et lui. J'entends juste le son de ses pas, pendant qu'il inspecte la clairière. Mon cœur bas vite, et j'ai peur qu'il ne remarque ma présence à cause de ses battements frénétiques. Trop concentré à m'inquiéter sur les bruits de mon muscle cardiaque, je ne remarque même pas que les siens se sont arrêtés. Dos à l'arbre, je tente un petit coup d'œil pour voir ce qu'il fait, et à quoi il ressemble. Il est vêtu d'un costume noir, le genre de costume que l'on voit dans le film Men in black, qui contraste beaucoup avec la clairière. Ça a vraiment l'air d'une mauvaise blague. Je ne peux pas voir son visage, parce qu'il est dos à moi, mais je peux voir l'arrière de son crâne dégarni, ainsi qu'une étrange cicatrice allant de son cou à son oreille droite. Il se tiens exactement à l'endroit où je me trouvais il y a quelques minutes, accroupie dans les hautes herbes, remuant la terre entre ses doigts, à l'endroit où j'étais allongée. Bien sûr, il a dû voir que les herbes étaient pliées. Il porte un peu de terre à ses narines. Mais que fait-il ? On dirait qu'il renifle une piste, ma piste. On dirait qu'il peut sentir mon odeur, comme un prédateur chassant sa proie. En écho à mes pensées, il tourne la tête en direction de l'endroit où je me cache. Je me retourne vivement, trop tard cependant. J'ai eu le temps de voir son sourire malsain et ses yeux perçant et noir me fixer avec triomphe. Je l'entends dire doucement, d'une voix calme me faisant fais dresser mes cheveux sur ma nuque :
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DARKNESS
Teen FictionJe ne serais vous dire comment ma vie a basculée. La réalité que je connaissais s'est envolée pour laisser place à un autre monde, auquel je ne connais rien. Je pensais tout savoir sur ceux qui m'entourent et sur moi-même. Mais je me suis tromper. P...