Lundi 4 septembre 2017,
La journée aussi attendue que redoutée est enfin arrivée. Je ne parviens plus à me concentrer sur les affaires que je dois prendre, j'enfile ma veste en cuir noire au-dessus de ma chemise fluide et jette mon sac à dos sur mon épaule.
— Bonne rentrée !
Ma mère, passe sa tête dans l'entrebâillement de la porte. Ses cheveux roux encadrent son visage à la perfection.
— Merci.
Je rebrousse chemin pour aller l'embrasser sur la joue. Ses yeux verts rayonnent, j'y lis tout l'amour qu'il y a entre nous deux.
— Allez file, tu vas être en retard, dit-elle joyeusement.
Je ne me fais pas prier et sors de la maison que nous louons en attendant que les travaux dans la nôtre soient terminés. J'accélère le rythme pour ne pas manquer mon bus, quand je suis enfin devant l'arrêt, je reprends mon souffle. Je lance une application sur mon téléphone pour que le temps passe plus vite. La boule dans mon ventre ne fait que grandir, les minutes semblent être des heures. Alors que j'aperçois le bus au bout de la rue, je suis rassurée. J'avais peur de l'avoir loupé. Le chauffeur m'adresse un sourire timide, auquel je réponds par un signe de la tête. Je m'installe au fond, c'est désert à cette heure-ci. Encore quelques minutes et j'y serai enfin. Je pose mon front contre la vitre et profite du calme de la route. Alors que la voix robotique annonce mon arrêt, je me lève pour sortir du bus et reste un instant figée devant lycée tout neuf.
J'ai un mouvement de recul, est-ce que je vais y arriver ?
Je secoue la tête et reprends confiance en moi, j'avance la tête haute vers la grille verte de l'établissement.
Advienne que pourra.
— Salut, toi aussi t'es nouvelle ?
Je me retourne pour mettre un visage sur la voix qui vient de me poser cette question. Une petite brune aux yeux ronds me dévisage, l'air inquiet.
— Oui, ça se voit tant que ça ?
Je tente une pointe d'humour pour alléger l'atmosphère et je crois que ça fonctionne. Elle souffle bruyamment pour m'exprimer son soulagement.
—Super ! Moi aussi je débarque, je suis complètement perdue. On pourrait peut-être passer un peu de temps à deux ?
En à peine dix minutes dans mon nouveau lycée, je trouve déjà une amie. C'est parfait !
— Avec plaisir, c'est quoi ton prénom ? demandé-je.
On discute en marchant vers les listes pour la répartition des classes.
— Annabelle et toi ?
— Luana.
Je répète son nom en boucle pour ne pas l'oublier. Quand on arrive enfin devant les bouts de papier, je prie intérieurement pour être dans sa classe. Je parcours les listes des yeux et lorsque j'y lis le mien, je vérifie s'il y a une Annabelle avec moi. BINGO.
— Terminale C, pareil pour toi ? m'interroge-t-elle.
Je hoche la tête en souriant franchement.
Nous décidons de nous asseoir sur un banc en attendant l'heure du rassemblement. J'en profite pour apprendre à la connaître.
— Tu viens d'où ?
Son regard traduit une certaine mélancolie en entendant ma question, elle fixe le vide avant de répondre :
— Toulouse, j'adorais ma vie là-bas.
Je n'y ai jamais été pourtant, tout le monde dit que c'est magnifique. Une ville parfaite pour les étudiants, pour s'amuser entre amis.
— Ça doit être beau.
— C'est clair, et il fait bien plus chaud qu'ici.
Je ris, c'est vrai que niveau temps, nous ne sommes pas gâtés.
— Et toi ? Comment tu as atterri dans le nord ?
Elle a l'air réellement intéressée par la réponse. Je crois que je vais bien aimer cette fille, elle semble gentille et sans prétention.
— Je ne vivais pas très loin, mais mes parents ont décidé de faire construire une maison dans les alentours, du coup on en loue une près du lycée pour que ce soit plus simple pour moi.
C'est vrai que je n'ai pas beaucoup de temps de route pour venir jusqu'ici. Une dizaine de minutes de bus alors que dans mon ancien établissement, j'en aurais mis trente.
On continue de discuter de nos vies respectives, j'apprends qu'elle a un frère et une soeur plus vieux qu'elle qui sont restés à Toulouse et je comprends désormais son air triste. Elle a quitté une partie de sa famille pour habiter ici.
— Je crois qu'on ferait mieux d'y aller, dis-je en scrutant la foule qui s'amasse devant les portes d'entrée.
On se lève toutes les deux et nous nous mêlons aux autres lycéens. Nous sommes tellement nombreux que je ne sais plus où donner de la tête, je suis le mouvement sans me faire prier, on verra bien où ça me mène. J'arrive à peine à détailler le couloir, il est exigu, mais long et au bout je reconnais le bureau du directeur.
— On n'a pas intérêt à faire des conneries ici, me dit Annabelle en le pointant du doigt.
— C'est ce que j'étais en train de me dire.
On rigole doucement sans arrêter d'avancer. La foule se stoppe brusquement devant des portes qui semblent mener à des salles de cours. Un post-it est accroché sur chacune d'entre elles pour nous dire où aller. Nous nous dirigeons vers la nôtre. À peine deux minutes après, un professeur l'ouvre en grand pour nous accueillir.
— Entrez, je vous en prie.
Nous nous exécutons en silence.
— On se met où ? demandé-je en balayant la classe du regard.
— Viens.
Elle se place près de la fenêtre au troisième rang. Parfait pour passer inaperçue ni trop intello ni trop cancre. Le prof attend que nous soyons tous présents pour commencer son spitch interminable. Je perds le fil au bout de quelques minutes. Tout ce que je retiens, c'est qu'il est prof de maths. Matière très importante pour ma filière, impossible de déconner là-dessus. Quand il conclut enfin, je suis à bout de force, l'écouter parler est tout simplement épuisant. L'année de terminale s'annonce compromise.
— Tu me passes ton numéro ?
Annabelle glisse un petit bout de papier et un crayon sur la table. Je le note et elle promet de m'envoyer un message ce soir.
Je repars le sourire aux lèvres, trop heureuse de m'être fait une amie.
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Silver Rif
RomanceAvez-vous déjà pactisé avec le diable ? Moi, oui. Depuis ce jour, je vis un enfer quotidien. Les larmes qui coulent sans cesse, les mots tranchants tels des lames aiguisées, des cris qui me font perdre la raison, des menaces qui font trembler tou...