Ne T'arrête Pas De Parler (Sous Contrat D'édition)

Hélène

Je n'ai pas eu de visite hier. Ou alors, si j'en ai eu, je dormais et ne m'en suis donc pas aperçu. Comme d'habitude. C'est problématique ça, je ne contrôle pas mes phases de conscience et d'inconscience, d'accord le calme et le repos sont mieux pour moi mais je loupe certainement plein de choses.

Des visites, des mots, des baisers.

Je rate tellement de choses que j'en pleurerais.

Mais pour l'heure je suis bel et bien éveillé et je préfèrerais ne pas l'être.

La fameuse Hélène est là.

C'est la première fois que j'ai affaire à elle et je peux certifier une chose. Je ne l'aime pas.

Je ne sais pas ce que Linda avait fumé hier mais elle se gourait carrément lorsqu'elle m'a dit que Hélène n'était pas bavarde. Cette fille est un vrai moulin à parole. Si je me réveille un jour, je serai capable d'écrire sa biographie.

Le son de sa voix est nasillard, elle a un putain d'accent du sud qui me vrille les oreilles et elle est bête comme ses pieds. Heureusement, elle ne chante pas. Je crois que mes oreilles en saigneraient.

Je peux tout de même lui reconnaître une chose, elle s'occupe très bien de moi.

Mais où est passé le calme qui m'entourait jusque là ? Parce que s'il faut que je supporte ça, je peux aussi bien me réveiller quand toute ma famille et mes amis sont réunis au pied de mon lit. Ça fera moins de bruit.

- Le match était incroyable. Nous sommes de fervents supporters du Stade Toulousain (Du sud l'accent, je vous l'ai dit) et ce match oh mon dieu comme il était beau. Vous aimez le rugby ? Moi je suis tombée dedans quand j'étais petite. J'en ai fait (là d'un coup je l'imagine aussi charpentée qu'un rugbyman, tu m'étonnes qu'elle me tourne et me retourne sans mal) mais le plus doué de la famille c'est mon frère. Il aurait dû en faire à haut niveau mais il a préféré le garder comme sport de loisir. Comment gâcher son talent en beauté...

Je ne l'écoute plus... je préfère me concentrer sur les bips de la machine. Oui le son a été réactivé, par je ne sais qui, pendant que je dormais. Mais pour une fois, j'apprécie. En fixant mon attention sur eux j'arrive à occulter les babillages incessants d'Hélène.

J'aime le rugby n'en doutez pas, c'est un sport viril que j'adore regarder à la télé et mater les joueurs pendant les matchs est un de mes passe-temps favoris (le aka des All Blacks me fera toujours bander) mais là, c'en est trop. J'aime imaginer des rugbymen masculins, virils, plein de poils sur le torse, pas une femme taillée comme un homme. Surtout quand cette femme est en train de me laver les fesses.

Par contre moi, je n'ai jamais été un grand sportif. Je n'aime pas ça. J'en fais pour garder la ligne parce qu'hélas je tiens de ma mère, j'aurais une fâcheuse tendance à prendre du poids facilement, trop facilement. Donc je vais dans une salle de sport et je m'éclate sur les machines mais je ne cours pas, je déteste courir. La seule chose qui pourrait me faire courir serait que quelqu'un me poursuive... et encore, il faudrait vraiment que je me sente en danger de mort extrême.

- J'ai encore croisé ce jeune homme devant votre chambre hier. (Ha ?) Un très beau jeune homme, brun, grand, le teint mat. (Allen ?) Je ne sais pas qui il est pour vous mais il semblait... perdu, oui c'est ça, perdu.

Elle marque une pause. Allen est venu ? Mon Allen ? Mon homme ? Là j'ai envie qu'elle m'en dise plus, qu'elle me dise comment il était habillé, s'il avait ses lunettes sur le nez ou non, quelles boucles d'oreilles il portait. Je voudrais tout savoir. Pourquoi n'étais-je pas conscient, pourquoi ne l'ai-je pas entendu ?