« -Alors, des nouvelles ? On a retrouvé un corps, quelque chose ?
-Salut, Sam. Pour l'instant, rien de plus qu'hier : des cendres, des cendres et encore des cendres. Tu devrais aller voir le fond de la maison, je crois que c'est là où la gamine dormait. »
La policière hocha la tête, bien qu'un peu angoissée à l'idée de fouiller la chambre d'une fille de six ans présumée morte. Elle arriva tant bien que mal devant une vieille porte entre-ouverte, prit une grande inspiration et entra. La pièce n'avait plus rien d'une chambre d'enfant, si auparavant elle y avait ressemblé ; un matelas miteux posé sur un vieux sommier en ferraille, une petite armoire en mauvais état, quelques peluches calcinées qui traînait par terre, voilà ce qui constituait le lieu où, peut-être, une enfant avait vécu.
Il faisait très sombre, Samina alluma sa lampe torche pour examiner les moindres recoins de la pièce. Le faisceau de lumière passa sur une poupée, assise contre un mur, presque intacte. Elle était affreuse, elle avait un grand sourire édenté et d'énormes yeux hypnotisants, deux longues tresses attachées de rubans rouges, et une robe blanche tachées d'on-ne-sait-quoi. Cette vision horrifique provoqua un sursaut dans la poitrine de la trentenaire. Elle pensait avoir affaire à une poupée de film d'horreur. Secouant la tête, elle saisit la poupée et la déplaça pour regarder derrière. Elle remarqua qu'un morceau du vieux parquet était décollé. Elle s'apprêtait à soulever la planche quand elle entendit son nom retentir de l'extérieur. Le chef de l'unité l'appelait.
En sortant de la maison, la jeune femme passa ses mains sur ses genoux poussiéreux. Elle chercha le chef, qui était dans le jardin.
« -Vous me cherchiez, Chef ?
-Oui, bonjour Agent Parez. Qu'avez-vous trouvé, dans la chambre ?
-Eh bien, pour l'instant pas grand-chose, j'étais en train de chercher d'éventuels indices sur la disparition d'Émilie quand vous m'avez appelée.
-Cette histoire de disparition vous tiens à cœur, n'est-ce pas ? N'y mettez pas trop du votre, cela risquerait d'influencer vos décisions sur l'enquête. »
Samina voulu répliquer mais elle se retint.
« -Regardez un peu ça. »
Le sergent lui pointa une stèle au fond du jardin.
« -Cela peut vous intéresser. Demandez à Georges de prendre quelques clichés et examiner cette tombe, surtout s'il y a quelqu'un dedans. »
Accompagnée du photographe, la jeune noire s'avança vers la pierre tombale. Il était inscrit quelque chose en latin, langue qu'aucun des deux enquêteurs ne parlait.
« Tredecim Lignum Aemilia »
Georges prit plusieurs photos de la pierre, il n'y avait rien d'autre d'intéressant dessus.
« -Ce n'est peut-être pas utile de creuser : la terre est sèche, si quelqu'un est enterré là-dessous, il doit y être depuis bien longtemps. »
Le compagnon de la jeune femme était du même avis qu'elle. Ils retournèrent près de la maison, quand le chef annonça qu'il était bientôt l'heure de partir. Samina fut étonnée car cela ne faisait pas longtemps qu'ils étaient là, mais soit. Elle se souvint alors de la planche dans la chambre, le parquet décollé. Elle décida d'aller voir, le temps que toute l'équipe range le matériel, elle pouvait très bien y aller. Elle fut interrompue par Jérémy, qui lui demandait de l'aider à ranger. Elle déclina poliment sa demande, prétextant qu'elle devait aller voir quelque chose, ''pour le Chef''.
Arrivée devant la pièce, elle alluma sa lampe et chercha le coin où elle avait vu le jour du parquet. Elle ne fut pas assez rapide, puisque le Chef l'interpella pour lui dire de rentrer chez elle.
Samina savait qu'en intégrant la police judiciaire, elle allait devoir affronter des choses qu'elle n'oserait jamais imaginer, et que cela aurait des conséquences sur sa vie personnelle. Mais elle avait fait ce choix, car il était primordial dans sa manière de voir les choses d'aider son prochain avant de s'occuper de soi. Seulement, elle n'imaginait pas à quel point cet Émilie la tourmenterait.
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Carnets
Mystery / ThrillerEt si un simple carnet pouvait permettre de punir des crimes inavouables? Simples lettres tracées à la lumière d'une bougie, simples mots décrivant des atrocités sans nom. Émilie avait tout pour devenir une jeune femme épanouie, elle avait tout sauf...