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Durant toute la semaine, nous nous étions vu. Tous les jours. Au même endroit. À la même heure. Comme un rendez vous.

Un rendez vous secret. Entre toi et moi.

Notre secret. Notre monde.

On avait parlé de tout et de rien. Profitant juste du temps qu'on passait ensemble. Assis l'un a côté de l'autre. Près du rivage. Toujours avec cette distance entre nous. Cette distance qui faisait pourtant notre proximité, d'une certaine manière.

Frigorifiés par les brises glaciales, ça ne nous arrêtait pourtant pas. Tu sais, pour ma part, qu'il pleuve, qu'il neige, qu'il vente, qu'il fasse n'importe quel temps, qu'il y ai n'importe quelle catastrophe naturelle, j'étais prêt à braver tout ça juste pour avoir l'opportunité de parler avec toi ne serait ce que quelques minutes.

Apprendre à te connaître.

Savoir que le crépuscule était ton moment préféré de la journée.

Que les bruits des feuilles s'envolant au gré du vent était un bruit qui t'aidait à t'endormir lorsque tu ne trouvais pas le sommeil.

Que le paysage hivernal te donnait envie de voyager.

Que tu entremêlais tes petits doigts dans tes cheveux lorsque tu étais nerveux.

Que tu mangeais toujours un morceau de chocolat en te levant.

Que tu ne pouvais t'empêcher de sourire comme un idiot lorsque tu te retrouvais avec une personne que tu appréciais sincèrement.

Je n'avais aucune idée de ce que tu faisais dans la vie. De ce à quoi tu aspirais. Du nombre de tes frères et sœurs. De la localisation de ton université. Tout ça n'avait pas de réelle importance.

Tout ça, ce n'était que des détails qui ne m'apprenaient rien de tangible sur toi.

Tout ça, c'était du superflu.

C'était ce que tu me répétais sans cesse lorsqu'on discutait.

Apprendre à connaître une personne c'était apprendre à connaître ses habitudes, sa façon de voir le monde, sa façon de le ressentir. Des choses moins terre à terre. Beaucoup plus lunaires.

Mais pourtant, tellement plus concrètes en même temps.

C'était de cette manière que tu envisageais la vie. Que tu la ressentais. T'efforçant de ne voir que le bon côté des choses.

Là où j'avais l'habitude de voir le verre à moitié vide, toi tu le voyais à moitié plein.

À croire que, depuis le début, on était complémentaire. Souvent, je posais mon regard sur ce fil rouge, me reliant à toi, et intérieurement, je le remerciais.

Sincèrement, je le remerciais de m'avoir permis de te rencontrer.

Et puis finalement, était arrivé le septième jour. Ce septième jour.

Ça faisait une semaine qu'on se connaissait, et pourtant j'avais l'impression d'avoir passé des années à t'écouter parler du monde en souriant comme un idiot.

Ce jour là encore, tu étais arrivé pile à l'heure, ni en retard, ni en avance. Réglé à la seconde près, ta ponctualité aurait pu en devenir effrayante si elle n'en était pas attendrissante.

Je me souviens t'avoir regardé en rigolant, les mains dans les poches, pendant que tu accourais vers moi, remettant tous les deux mètres ton énorme écharpe qui n'arrêtait pas de tomber autour de ton cou. Puis, en arrivant à ma hauteur, tu avais reprit ta respiration, difficilement, en secouant tes cheveux blonds, tirant presque sur le blanc.

Ton visage était rosi par ta course, et ton bout de nez rougissait encore plus à cause du froid. Je t'observais retrouver ton souffle. Je ne bougeais pas. Comme bloqué. Bloqué sur toi.

C'était dingue. À chaque fois que je posais les yeux sur toi, je te trouvais encore plus beau que la seconde précédente. Je crois que tu étais la plus belle personne que je n'avais jamais rencontré de ma vie.

Dans tous les sens du terme.

Dans tout ce que tu faisais ou ce que tu disais.

Dans chaque sourire que tu m'adressais, j'avais l'impression que la vie s'insufflait encore et encore en moi. J'avais l'impression que mon cœur pouvait exploser à tout moment. Il ne s'arrêtait jamais de s'accélérer. Je me demandais même pourquoi est ce que je n'étais pas déjà en train de faire une attaque.

Alors, c'était sans vraiment réfléchir à mon geste que j'avais agis. C'était, en cet instant la, comme une envie irrépressible que j'avais besoin d'assouvir immédiatement. Une envie qui me consumait depuis le moment où j'avais posé les yeux sur toi.

Ma main s'était avancé vers ton visage, sous ton regard plein de questions, et finalement, elle avait plongé dans tes cheveux clairs. Pour lentement redescendre vers ta joue. Tes paupières s'étaient fermées à l'instant même où mes doigts étaient entrés en contact avec ton épiderme.

Comme pour mieux ressentir la sensation.

La sensation de finalement sentir ta peau contre la mienne.

Des millions de décharges électriques avaient traversé mes veines à vive allure alors que des frissons avaient peu à peu pris possession de mon corps. Je n'avais jusqu'à lors, rien ressenti de tel. Je t'avais à peine effleuré et pourtant c'était tellement intense.

Plus rien n'existait autour de nous.

Il n'avait que toi. Il n'y avait que moi. Il n'y avait que nous.

Rien d'autre.

Rien d'autre ne semblait en valoir la peine de toute façon.

Et puis, tu avais finalement ouvert de nouveau les yeux pour les plonger dans les miens, tandis que mon pouce continuait de glisser contre ta joue. Ma gorge s'était bloquée immédiatement. Je ne savais même plus comment respirer. Englouti par cette vague d'émotions.

Je crois que j'aurais pu en pleurer tellement le flot était intense.

Seulement, ma main avait retrouvé les flans de mon corps au moment où des petites choses tombant du ciel s'étaient mis à voiler ma vision. Et la tienne aussi. Des perles blanches. Légères. Flottant, comme en apesanteur.

Ces premiers flocons de neige.

Ils se mettaient à tomber, par centaines. Par milliers.

Recouvrant délicatement le paysage. Recouvrant délicatement le sommet de ta silhouette.

Aussitôt, tu avais souris, comme un enfant, les yeux s'ouvrant, ronds comme des billes, le visage se dirigeant vers le haut.

- Yoongi. Regarde. Il neige.

Sauf que je n'avais pas regardé la neige se mettre à tomber comme toi tu le faisais. Non, j'avais continué de te regarder, toi. Mon esprit ne pouvait pas se séparer du souvenir de ta peau contre la mienne. De cette sensation presque indescriptible.

De ce que tout mon être me hurlait intérieurement.

Le fait que, chaque seconde de plus que je passais à tes côtés, c'était une seconde de plus qui me faisait tomber.

Qui me faisait tomber éperdument amoureux de toi.

Red String || pjm ; myg ||Où les histoires vivent. Découvrez maintenant