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- Salut.

Lu Han ouvrit les yeux lentement avant de sursauter en voyant que XiuMin n'était plus à côté de lui. Il se releva précipitamment avant de tomber sur le regard blasé du plus jeune qui était assis à son bureau. Il était entrain de dessiner et vu comme ça, c'était comme s'il ne s'était jamais rien passé la veille, comme s'ils ne s'étaient pas disputés, comme si XiuMin n'avait pas pété un câble, comme si Lu Han ne lui avait pas avoué qu'il l'aimait en y réfléchissant, Lu Han se demandait pourquoi il s'était pris pour Shakespeare avec son discours à l'eau de rose et se demandait même si XiuMin l'avait écouté parler. Dans tous les cas, il ne serait probablement pas capable de répéter tout ce qu'il avait pu dire parce qu'il n'était pas comme ça. Il n'était pas du genre à dire ce genre de choses et d'ailleurs, il trouvait ça complètement ridicule. Donc, il était ridicule.

- Tu comptes me regarder comme ça toute la journée ? Demanda XiuMin tout en continuant de dessiner.

Le plus vieux sourit avant de se recoucher. Il aimait quand XiuMin était sarcastique, à la limite de la froideur. Il aimait quand l'autre semblait si proche et pourtant si loin. Il aimait savoir qu'il devrait se battre jusqu'à la fin pour avoir le cœur du plus jeune parce qu'il était persuadé qu'il continuerait à lui mener la vie dure et que hier n'était qu'un moment de faiblesse. Faiblesse. Le mot que Lu Han redoutait tant et qu'il refusait d'ajouter à son vocabulaire courant. Non, jamais. Il n'était pas faible et il n'aimait pas les gens faibles. XiuMin n'était pas faible, il était juste un peu triste. Un peu dépassé par les événements de la vie, probablement. Voilà.

- Comment tu as réussi à te lever sans que je ne le sente ? Demanda Lu Han en regardant le plafond.

- Tu pensais avoir le sommeil léger ?

- Effectivement.

- Tu aurais voulu me garder près de toi toute la journée ?

- Oui.

- Tu es ridicule. Répondit XiuMin en soufflant.

Oui. Lu Han était complètement stupide, ridicule, idiot de vouloir s’immiscer dans la vie d'une personne afin de la changer alors qu'il n'arrivait même pas à gérer sa propre vie. Est-ce que XiuMin avait autant de vieux démons que lui ? Est-ce que le plus jeune aussi faisait des cauchemars sur son passé ? Et puis de toute façon, qui était XiuMin ? Tant de questions sans réponses et cela resterait ainsi pendant encore longtemps parce qu'il était persuadé que XiuMin se refermerait à la moindre occasion et il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas faire ce genre de chose. Il y avait encore trop de chemin.

- Tu écoutes de la musique ?

- Non. Répondit XiuMin.

- Une fois je t'ai vu avec des écouteurs dans les oreilles.

- Tu aurais préféré que je les mette dans mon nez ?

- ..

- C'est juste pour pas qu'on m'dérange. Imbécile.

Hm ? Est-ce que Lu Han avait raté un épisode ? Pourquoi est-ce que XiuMin avait l'air de déborder d'assurance d'un seul coup ? Il lui parlait comme si de rien n'était, comme si tout allait à merveille et le chinois se dit que – peut-être – XiuMin avait oublié les événements de la veille ou qu'il voulait tout simplement faire comme si de rien n'était. C'était fort possible. En psychologie, on appelle ça un mécanisme de refoulement. Le patient désigné refoule dans sa partie inconsciente du cerveau, toutes les pensées ou tous les souvenirs dont il ne veut pas se rappeler car ceux-ci sont trop traumatisants, blessants ou honteux. Et dans ce cas, pour accéder à cette partie, le psychologue pratique la libre association qui consiste à laisser parler le patient de tout ce qui lui passe par la tête en espérant que petit à petit, les souvenirs qu'il émet en en fassent revenir d'autres à la surface dont ceux qui pourraient expliquer le problème.

La première fois que. [EXO]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant