La montgolfière

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La montgolfière traversait les nuages de poussières et de fumée. Oswald retenait sa respiration avant de sortir de l'autre côté du ciel pour voir la beauté du coucher de soleil, qui n'était rien de tel qu'au dessus du ciel lui-même.

Il régla la flamme du ballon et se posta sur le bord de la nacelle, observant autour de lui les couleurs contrastées, la noirceur de la nuit rattrapant la clarté du soleil qui se réfugiait derrière l'horizon de nuages sombres.

Oswald délestait l'avant de la nacelle, essayant de rattraper ce couard. Il savait que c'était impossible mais ça l'amusait assez pour le détendre , ce dont il avait bien besoin. Il sentait le vent sur son visage, le vent frais sans odeur, le vent pur.

Et il observait les nombreux oiseaux autour de lui, poussant des sons crissants, bien différent des chants comme d'avant. Devenus des rats du ciel, des charognards vous attaquant si vous vous arrêtez de bouger trop longtemps. Oswald les détestait. Il enleva sa veste d'officier toute neuve et la lança sur eux, par haine de ceux qu'ils étaient devenus.

Les coups de feux au loin en dessous commençaient à retentir, étouffés par la brume épaisse, se rapprochant de plus en plus. Oswald entendit le métal qui s'entrechoquait, les explosions assourdissantes des obus, le son distinct des mitrailleuses.

Il releva les yeux vers le soleil, sur le point de disparaître, avant que la nuit n'emplissent totalement le ciel et que les éclairs des tirs n'apparaissent à travers les nuages.

Oswald affaiblit la flamme, la montgolfière commença à redescendre et prit la dernière bouffée d'air pur avant de traverser de nouveau la frontière de fumée d'usine, le vent frais fut remplacé par de l'air chaud, étouffant, empli de gaz vous brûlant la gorge.

A mesure qu'il descendait, il percevait les sifflements des obus, passant tout proche, puis les tirs des armes assourdissants. En regardant en dessous de lui, il vit les machines de guerre, des monstres de métal inventés uniquement dans le but de détruire et d'écraser toute vie humaine sur le champ de bataille, les vies fébriles de ses camarades.

Oswald ne pleurait plus, l'habitude avait effacé toute trace d'humanité, il ne ressentait plus rien, son visage ne montrait aucun trait de faiblesse, malgré tout, sa pensée était tout autre.

Le ballon continuait à descendre, alors qu'une des armes colossales fut pointée sur lui, avant qu'elle ne fasse feu. Il n'entendit plus que le sifflement de cet obus se dirigeant droit sur lui, ralenti par l'esprit humain. Oswald eut le temps de penser à de nombreuses choses, de bons souvenirs, de très bons souvenirs et il sourit. Pour les autres en bas, l'obus avait déjà touché la montgolfière.

L'ApologiumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant