Chapitre Quatorze - partie une

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Grimpal traversait le camp de la Compagnie Miracle en compagnie de Givrali. Il tenait à faire l'état des lieux, déjà remis du choc. Givrali avait tenu à l'accompagner afin de veiller sur lui, ce à quoi Grimpal n'avait pas pu dire non. Peu importe la situation, quand Givrali était avec lui, tout allait pour le mieux. Il en viendrait presque à penser que le cas de Massko s'arrangera de lui-même. Dès le lendemain du combat, les compagnons s'étaient attelés à la construction d'une infirmerie improvisée, dirigée pour le moment par Célébi. Grimpal voulait absolument passer voir les blessés. Ils étaient peu nombreux, mais ils y en avaient quand même, et pas des moindres. Sur les différents nids, on pouvait retrouver Kirlia, sur laquelle Pyroli veillait patiemment, Absol, qui allait assez bien malgré le fait qu'il avait l'interdiction de marcher jusqu'à nouvel ordre, Milobellus, qui serait bientôt libérée, et Feuforêve. Grimpal demanda alors à Givrali de le laisser aller voir Feuforêve seul. Celle-ci acquiesça sans problème. "Je t'aime, Grimpal." murmura Givrali d'un ton profond.
Grimpal vint s'asseoir aux côtés de la jeune femelle sans dire un mot. La blessée en question était assise et ne disait rien non plus. Après quelques minutes sans aucun mouvement, Grimpal sentit Feuforêve frémir.
-J'ai pas assuré, Grimpal... gémit-elle. J'ai eu peur de la mort. Mon propre adversaire a eu pitié de moi et m'a ramené ici. Je n'ai pas été à la hauteur...
-Qu'est-ce que tu racontes ?
demanda Grimpal, intéressé.
-Tu as raté Ectoplasma. Il était venu nous voir, Absol et moi. Tu aurais vu sa mine décomposée lorsqu'il a vu la patte meurtrie d'Absol. Et moi, mes blessures ne sont rien par rapport aux siennes et pourtant, je semble dans un plus mauvais état. J'ai été faible, Grimpal, inutile... J'ai déçu Ectoplasma !
-Qu'est-ce que t'a dit Ectoplasma ?
fit doucement Grimpal en plissant les yeux.
-Il... Il m'a souhaité un bon rétablissement. Il m'a dit que je m'étais bien débrouillée. Mais c'est faux ! Lui aussi a pitié de moi...
-Je ne suis pas d'accord. Il n'a pas dit que tu t'étais bien battue, ce sur quoi je te rejoins sur ce point. Tu n'es pas aussi forte que nous, mais tu apprendras. Mais je suis parfaitement d'accord avec lui : tu t'es bien débrouillée.
-Comment ça ?
gémit Feuforêve.
-Tu as tenu bon face à quelqu'un de bien plus fort que toi et tu es revenue en vie. Mieux que ça, tu l'as poussé à arrêter le combat. Il ne s'est pas arrêté par pitié, il s'est arrêté parce que tu lui as fait comprendre qu'il était en erreur, que nous aussi avions le droit de vivre notre vie. Ce qui t'as sauvé et la même chose que ce qui m'a sauvé hier : les mots. Tout comme les autres membres de la Compagnie, tu as manifesté une qualité qui nous tient tous beaucoup à cœur : les sentiments. Tu as un grand cœur et tu t'en es servie pour remporter cet affrontement sans avoir eu recours à la violence. En ça, tu as surpassé Raikou et Ectoplasma qui n'ont pas su faire autrement. C'est ça qu'Ectoplasma a félicité tout à l'heure.
-M-Merci Grimpal...
souffla doucement Feuforêve en baissant la tête.
Et la femelle se mura une nouvelle fois dans le silence mais cette fois-ci avec le sourire. Grimpal jugea qu'il en avait fait assez. Il se leva et quitta l'infirmerie en passant un rapide bonjour à Pyroli qui s'était réveillé.

Grimpal et Givrali se mirent ensuite en route vers la plaine où s'était déroulé le combat. Ils passèrent devant la masure de Célébi et Massko. C'était un sujet assez tabou ce jour-là mais Grimpal ne pouvait pas ne pas en parler.
-Qu'avez-vous décidé pour Massko ? demanda enfin Grimpal.
-Nous avons décidé de l'interdire de quitter le camp jusqu'à nouvel ordre, encore une fois. Je m'inquiète pour lui... soupira tristement Givrali.
-Moi aussi. Je ne comprends pas pourquoi il a peur de devenir un monstre. Serait-il en train de lutter contre quelque chose ? La violence est-elle devenue une envie chez lui ? Une nécessité ? Pourquoi ça arrive-t-il ? Est-ce qu'un jour, il redeviendra lui-même ? Je ne sais pas.
-Ce n'est pas de ça dont je parlais, imbécile !
pesta gentiment Givrali. Regarde-le. Il s'est embrouillé avec Célébi à cause de son interdiction d'utiliser ses pouvoirs. Le fait que Massko lui ait caché tout ça si longtemps l'a rendue folle. Je m'inquiète tout autant pour Célébi. D'un côté, le seul lien de Célébi avec la Compagnie est Massko. S'ils se sont embrouillés, elle se peut très bien qu'elle quitte le camp.
-Tu oublies Vraal
, signala Grimpal.
-Sérieusement ? Il n'y a que toi qui ne vois pas que Célébi n'arrive pas à créer de lien avec sa fille ? Célébi est un être unique et artificiel. Vraal, sa propre fille, possède une vie, une généalogie, ce que Célébi n'a pas connu. Ça ne m'étonne pas, ce qui se passe.
-Tu as sûrement raison... Et pour ce qui est de Massko ?
-Il semble être de nouveau lui-même. Seulement, il ne quitte plus sa masure. Sa culpabilité doit lui peser trop lourd sur ses épaules. Entre ses agressions envers toi et Raikou et son engueulade avec Célébi, ça ne m'étonne pas. De plus, tout le monde se méfie de lui maintenant. Je campe devant sa masure depuis hier soir et les seules personnes qui sont venues le voir sont Vraal et Vigaume. Même Célébi n'est pas rentrée hier. J'ai peur que Massko aille de plus en plus mal en s'isolant.
-Allons le voir.
-Quoi ?!
s'étrangla Givrali.
-Allons-y, ça nous coûte rien.
-Grimpal, il a failli te tuer ! Je ne peux pas te laisser prendre ce risque ! On ne sait pas comment il va réagir !
-Tu ne vas pas tout de même m'empêcher d'aller tenir compagnie à mon meilleur ami ? Tu l'as dit toi-même : il va mieux. Tu ne pourras pas me retenir.
-... Je viens avec toi
, concéda enfin Givrali.

Pokémon Donjon Mystère : La Compagnie MiracleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant