Le voisin

I

Un coup de poing, un deuxième, un cri strident et puis des faibles sanglots. Voici ce qui berçait mon quotidien.

Parfois je m'en sortais avec seulement quelques hématomes. J'étais chanceuse ces jours-là. 

Quelquefois c'était des coupures faites au couteau.

Les marques partaient au bout de deux semaines, mais était rapidement remplacées par d'autres, souvent le lendemain de leur apparition. 

Par chance, j'arrivais bien le cacher. Une couche d'un fond de teint très couvrant et le tour était joués. 

Mais parfois, le fond de teint ne suffit pas. 

Les vêtements amples et longs étaient devenus mes alliés. 

Je sentais le regard de passants, observant mon visage ou mon cou, là où je n'avais pas réussi à cacher ses accès de colère de la vielle. 

J'habitais encore chez mon père quand il est entré dans ma vie. Il était gentil au début, très possessif, mais j'avais accepté ce défaut en disant que je pouvais bien faire avec.

Il m'a rapidement demandé de partir en appartement avec lui. Il en avait déjà repéré. 

J'avais seulement 18 ans, je n'avais pas prévu de partir vivre si jeune même avec, ce que je pensais, l'homme de ma vie. 

On avait choisi un petit appartement, dans un immeuble calme. 

Rapidement, son comportement dérailla. 

Au départ s'était seulement une gifle, rien de plus. 

Je n'ai jamais pensé à partir, même si les gifles s'enchaînaient de plus en plus rapidement. 

L'envie de partir arriva au fils de semaine, où les coups ainsi que les cris venaient s'ajouter à la routine.

 J'avais arrêté mes études et me consacrais à ce que Alex, mon copain, trouvais important : nettoyer la maison, cuisiner et faire les courses. 

Et un jour, il est simplement arrivé, lui et ses yeux verts.

Troublant la routine qui s'était installée dans mon foyer.

 Je ne pensais pas que le laisser entrer dans ma vie allait bousculer autant de choses. 

Je le croyais incapable de réussir ce que, moi-même, j'ai toujours espéré : partir.

Pourtant si j'avais su...