Le quarante-septième jour

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Ah, évidemment.

Le moment de parler de ce jour là devait arriver.

En octobre, nous étions. Il faisait de plus en plus froid, mais mes amis apportaient toujours un peu de chaleur à mes journées.

Ce jour d'octobre, j'étais partie avec Judith prendre un bol d'air frais près de la cascade qui se cachait dans la forêt derrière notre ville.

Nous en avions discuté légèrement, et découvert à quel point nous aimions toutes les deux cet endroit. Il était simplement magique. Un morceau de paradis abandonné derrière les grands arbres aux feuillages rouges.

Parler de tout et de rien a été notre activité principale, pendant deux bonnes heures environ. Puis, Judith, ennuyée de ne pas bouger, m'a fait la surprise de me propulser dans l'étang au bas de la cascade.

La sensation de l'eau mouillée n'a pas été la pire, je pense que c'était plutôt celle d'avoir le poids de Judith s'écrasant sur moi, me poussant au fond de l'eau.

J'ai immédiatement remarqué qu'elle avait retiré sa veste, son t-shirt et ses chaussures avant d'entrer dans l'eau, et honnêtement, j'aurais aimé faire la même chose, car cela m'aurait évité une fièvre terrible d'une semaine après ça.

Mais je ne regrette rien.

Après être remontée à la surfaces, j'ai eu droit au rire clair de Judith, m'accablant de moqueries en voyant la tête que j'avais. Mon maquillage avait coulé, mes cheveux étaient aggripés à mon front et visiblement, l'expression "Maé la poule mouillée" me convenait parfaitement, à entendre Judith.

La suite, je ne l'avais pas vue venir. Ce n'est que quand elle s'est approchée de moi sans rien dire et qu'elle a posé ses lèvres sur les miennes que j'ai réalisé. Réalisé que Judith et moi ne pourrions jamais avoir une amitié normale, réalisé que Judith aimait les femmes, et réalisé qu'à cet instant, elle n'avait d'yeux que pour moi.

"- J'avais raison, tes lèvres ont vraiment bon goût", avait elle dit en se décollant.

Son sourire était presque malsain, mais tout ce que je voulais était m'abandonner à elle. M'abandonner à celle qui avait gagné mon cœur.

Je ne raconterais pas comment je me suis retrouvée nue dans l'herbe de cette clairière, ni comment je suis rentrée chez moi en rasant les murs pour ne croiser personne, car je pense que ce n'est pas nécéssaire.

La grippe qui m'est tombée dessus m'a en réalité sauvée d'un lourd malaise que j'aurais pu vivre en retournant en cours le lendemain matin.

À bien y repenser, c'était une belle journée.

Peut-être la plus belle.

Ce jour-là, Judith est devenue mon amante.

Pour les jours où nous nous sommes aiméesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant