Le cinquante-huitième jour

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Pas le jour le plus important de tous, mais un jour décisif quand même.

Après quelques temps à profiter de parties de jambes en l'air sans lendemains avec Judith, vint la discussion fatidique.

"- Est-ce qu'on sort ensemble ?"

Judith avait arrêté de siroter son soda et avait planté son regard sur moi.

"- Pourquoi ?"

Prise de court par sa question, j'avais bredouillé quelques phrases sur l'amour en général et sur notre situation que je trouvais préoccupante pour deux lycéennes. Si j'avais su comme c'était courant... Encore une fois innocente, j'étais. Ignorante, aussi. Aveugle, sûrement.

"- Pourquoi pas, alors" avait conclu Judith en reprenant une gorgée de soda.

Cette fille était incompréhensible. À partir du jour où nous sommes sorties ensemble, mon entourage a commencé à remarquer mes changements.

Mon sourire plus présent, mes séances dans la salle de bain plus fréquentes et plus longues, et mes sorties en ville bien plus revigorantes.

Ça faisait sourire mes amis, mais j'avais décidé de ne pas leur dire tout de suite. Je n'étais pas encore sûre de moi, à l'époque.

Peut-être que rien ne serait comme aujourd'hui, si j'avais parlé.

À partir de ce jour là, j'ai commencé à passer des nuits entières chez Judith. Toujours la même routine, chaque soir.

Un film, une longue discussion, quelques moments érotiques et un réveil agréable dans ses bras nus.

Sa chambre était parfaitement dans son style, décorée d'oeuvres en tout genre des murs au plafond. Nos journées était ponctuées par nos rires et la vie n'en était que meilleure.

C'est vers cette période que j'ai commencé à lui apprendre le piano. Elle n'était pas douée, elle n'avait pas une oreille attentive aux sons justes ou non, mais la voir jouer me relaxait énormément.

Elle avait un frère, avec qui nous passions parfois un peu de temps. Il s'effaçait derrière Judith, elle qu'on remarquait toujours si vite. Il parlait peu, faisait peu de gestes, peu de bruit. Il avait pourtant l'air d'être attentif à tout, ce qui me mettait toujours un peu mal à l'aise, mais Judith savait voler à mon secours dans toutes circonstances.

Le jour où elle sirotait son soda fut un jour gai où j'ai mis un prénom sur mes sentiments.

Ce jour là, Judith est devenue ma petite amie.

Pour les jours où nous nous sommes aiméesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant