Chapitre 1 : Ghost

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Le matin, il fait nuit. Ça me parait évident en hiver ! Je trouve que cela donne une ambiance très spéciale lorsque je me dirige vers le collège. Pendant ce chemin assez long, je pense à pleins de choses, comme d'habitude. Mais à chaque fois, cela finit de la même façon... Je pousse un long soupir, ennuyé. Chaque jour, je regarde la station de train en pensant que j'aimerais aussi pouvoir m'y rendre et partir à mon tour, loin de tout, loin d'ici, de ma famille, du monde... 

Quand je vais en cours, personne ne me regarde dans les yeux. Je ne me trouve ni spécial, ni effrayant, ni intimidant, ni quoi que ce soit... Toute ma vie, ça a été pareil : je suis un fantôme. Sans présence, sans caractère, sans apparence, sans rien qui me correspond ou décrit. Je passe mes journées seules, sauf le soir. Le soir, j'ai une " habitude " : me rendre à la librairie du coin. Elle se situe dans une petite rue. Lorsqu'il commence à faire nuit, je m'y rend, c'est le seul moment où elle est ouverte. Parfois, lorsqu'il fait encore jour, j'attends devant et c'est là que je me suis rendu compte que dès qu'on ne voyait plus le soleil, les lampes du magasin s'allumaient. A croire qu'ils attendent à la fenêtre que le soleil se couche.

Dans le magasin se trouve souvent un homme derrière la caisse. Parfois il prend du temps à venir, voir des heures, mais je l'attends. Un jeune homme aux cheveux blonds, une boucle d'oreille sur l'oreille droite et un nez plat. Il me regarde peu en face, et quand il le fait, j'ai l'impression que son regard me transperce. Il arrive que je ne sois pas le seul dans le magasin, il se peut qu'il y ait aussi des lycéens ou même des adultes. Je passe mon temps à les observer, caché derrière un livre. Mais ce n'est pas la seule chose que j'observe... À vrai dire, j'observe tout ce qu'il se passe. Pour moi, cette boutique est tout sauf normale. Une librairie qui n'ouvre que la nuit ? Un vendeur étrange ? Des clients qui ont l'air impatients ? Je restais ici, planté à lire un livre en attendant l'heure de fermeture.

 La librairie n'ouvre que quelques heures et lorsque l'heure de fermeture arrive, le vendeur va dans l'arrière boutique. J'étais captivé. Je m'approchais lentement de la caisse, mon coeur battait à toute vitesse rien qu'à l'idée de voir ce qu'il faisait dans cette arrière boutique mystérieuse. La porte était à quelques centimètres de moi, l'adrénaline montait de plus en plus. Je le vis alors, il était de dos. J'étais comme ensorcelé, je n'arrivais plus à m'arrêter, mes pas devenaient de plus en plus rapides.. Ma main se posa sur son épaule, comme si je ne la controlais plus. Il se retourna vers moi et pour la première fois, je le vis sourire. Alors que mes joues se mettaient à brûler, il approchait doucement son visage du mien avant de m'embrasser. Mon cerveau était hors-service, mais alors que je profitais du moment, je sentais quelque chose d'étrange dans ma bouche, comme une substance. Ce n'était pas de la bave, cela avait plus le goût de sang. Ce baiser n'avait plus rien de plaisant, et je me mis à oublier tout ce qui faisait que j'étais " moi ". Je ne suis qu'un fantôme. Je ne suis personne. Alors que je fermais doucement mes yeux, je le fixais...Est-ce qu'il allait me faire devenir quelqu'un ? Pourquoi est ce que ma tête tourne aussi vite ? Est-ce que ma famille va m'oublier ? 

Alors que mon esprit se vidait lentement, je devenais mou et d'un coup, j'étais sur le sol, avec du sang qui coulait de ma bouche.

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