Paradis

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Une pièce sombre. Portes closes. Des pas. Des voix. Un soupir dans mon dos. Un courant d'air. Des mots que je ne comprend pas.

L'angoisse monte. Les yeux toujours clos j'essaie de me repérer, de me rappeler. Mon dernier souvenir ? Je l'ai oublié. La tête vidée. Jusqu'à mon nom. Ils m'ont tout enlevé.

Je ne respire plus. Soudain la porte s'ouvre. De la lumière enfin. Je reprends mes esprits, j'ouvre les yeux. Debout je marche vers la sortie. Je suis dans un vieux palace en ruine, envahi par la végétation.

Je ne sais pas quel jour on est ? Quelle heure est-il ? Ma montre s'est arrêtée. Je cherche la sortie pendant ce qui me semble des heures. Ce lieu est comme irréel.

Les plantes si présentes ressemblent à des structures de sables. Je les touche et elles s'effondrent. Les fenêtres sont toutes noires de suie. On ne voit même plus à travers. Il ne fait pas chaud, pas froid non plus. Ni humide, ni sec. Tout est juste milieu.

J'ouvre une petite porte en bois pourris. Et me voilà dehors. Devant une plaine blanche, aveuglante, désespérément vide, rien à l'horizon. Que du silence et de la solitude. Je me retourne vers le palais. Digne des milles et une nuits. Fantomatique.

Je fais quelques pas en arrière. Autour de moi pas un arbre, un animal.Seulement le sable blanc à perte de vue. Il est si fin, si doux. Comme tout le reste, je ne ressens aucune chaleur, fraîcheur. Comme si tout est à la même température. Il n'y a pas de vent au dehors.

Regardant mon château vide, je commence à marcher. Toujours tout droit je trouverai bien quelque chose. Marche, marche et marche encore. Je ne ressens pas de fatigue, pas de faim ou de soif. Je n'ai pas peur non plus. Comme dans un rêve étrange.

Le château que j'ai quitté est maintenant qu'un minuscule point coloré dans un monde de blanc. Je m'étonne que le ciel ne s'assombrisse pas. Je scrute les cieux. Je cherche et je cherche encore. Et soudain je réalise. Il n'y a pas de soleil, de lune ou d'étoiles. Juste un ciel aussi blanc que la plaine. À l'horizon impossible de faire la différence. Comme si ciel et terre sont continus.

Tout à coup, un éclair. Mais pas un éclair blanc comme je les connaissais. C'est un trait sombre qui a traversé le ciel. Noir comme le charbon, comme la nuit qui n'existe pas. Ici rien n'existe : Soleil, arbres, animaux, bruits, étoiles, vent, chaleur, pluie, nuit. Le temps n'existe pas non plus. Et la vie ?

Juste un pays de sable blanc et de ciel pâle. Quel est ce pays ? Suis-je morte, endormie, folle ou juste autre part ?

Je vais vers le point noir qui signe l'impact de l'éclair. Il bouge au lointain. Un autre éclair fend le ciel. Il frappe à mes pieds. C'est une petite sphère noire qui repose sur le sable. Je la touche.

Elle explose comme un feu d'artifice, faisant jaillir des centaines de fibres, comme des rubans. Ils tombent sur moi. Comme mue d'une volonté commune, ils s'enroulent autour de mon corps. Bientôt la boule arrête de cracher sa pâte noire et fini par disparaître. Les rubans se serrent autour de moi comme des serpents. Je lutte et je soupire. Bientôt je ne peux plus bouger.

Allongée sur le sol, j'essaie de respirer. Mon corps est totalement comprimé. Mais cela ne s'arrête pas là. Des rubans sortent des milliers de pics qui me transpercent la peau. Chaque pic m'inflige une telle souffrance qui pourrai à elle seule me tuer. Comme une immense brûlure.
La douleur insupportable m'oblige à fermer les yeux. Bientôt je sombre dans le noir.

"Réveille- toi ! C'est l'heure. Tu vas être en retard!!! "

Paradis [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant