J'ouvre les yeux et que vois-je ! Une femme tout de noir vêtue penchée au dessus de moi. Un bruit ! Un cheval !
Je regarde autour de moi. Toujours dans le sable. Plus de rubans mortels. Elle m'ordonne de me lever et de la suivre. Je veux des réponses pas des ordres. Mais elle ne me répond pas. Alors quand je la vois partie, je lui obéis en silence.
Sur le cheval j'avance dans le désert. Je ferme les yeux pour mieux sentir le vent dans mes cheveux. Celui qui n'existe pas. Quand je les réouvre la femme n'est plus là. Le cheval fonce à vite allure. Je me cramponne à lui et terrorisée je ferme mes paupières.
Quand la lumière frappe à nouveau ma rétine, je suis aux portes d'un village. Une fois descendue, le cheval repart vers le monde du sable. Un vieil homme vient à ma rencontre.
"Bienvenue ici, considère ce lieux comme ta maison et les gens d'ici comme ta famille. Tu ne dois savoir qu'une seule chose : tu es dans un pays d'hommes libres et égaux comme on ne peut pas faire plus égaux. La seule loi est que l'opinion d'autrui est indiscutable. Tu peux dire ce sue tu veux, ce que tu pense mais tu n'as pas le droit de contredire l'autre. Il a autant raison que toi. Va ! Visite notre village, regarde comment on vit. Quand le sablier que tu vois là-bas sera vide tu devras répondre à une question. Veux-tu partir ou rester chez nous ? "
Je me ballade dans ce petit village, contourne les maisons, longeant les murs à la recherche de l'ombre inexistante d'un pays où il ne fait ni chaud ni froid. Je suis dans un monde merveilleux peuplé de personnes bienveillantes, aimantes et heureuses. Je pensais être en enfer, un enfer blanc mais cela ressemble plus à un paradis.
Hommes, femmes, enfants tous se parlent, écoutent et se comprennent. Pas de cris. Pas de haine. Juste Amour.
Au retour d'une rue, je me retrouve face au sablier à moitié écoulé. Si le vieux sage venait je saurai quoi lui répondre. Qui voudrai quitter un paradis ? Pas moi et pour rien au monde.
Sur la place principale, un groupe d'adultes parle. Je m'approche et les écoute. Après plusieurs minutes, je suis obligée de constater que peu importe le sujet du débat et les opinions de chacun, ils finissent tous pas se tourner en faveur de l'avis général.
Dans la foule qui s'est assemblée autour d'eux je cherche des yeux le vieillard. Mais impossible de le trouver. Chaque homme, chaque femme porte la même tunique beige. Rien ne différencie les sexes. Égaux. Je cherche donc à distinguer les visages. Androgynes. Je fend la foule et j'observe chacun. Tous identiques. Absolument identiques.
Je retourne donc au sablier. Le vieux m'attends, aussi sur une roche. Les derniers grains de sable tombent.
"- Alors que veux-tu ?
- Je pars. Votre pays n'est ni beau ni libre. Chaque être est prisonnier dans ce monde de parfaites copies, d'avis identiques où la loi est de ne jamais contredire. Où est la différence ? Le conflit ? Le débat d'idées ? Comment peut-on vivre dans un monde si terne, où il ne se passera jamais rien ? Je rentre chez moi. Ici, je deviendrai folle ou bien je détruirai votre équilibre et votre bonheur. Je ne trouverai ici ni ma liberté, ni mon bonheur.
Adieu, l'ami ! "Un galop se rapproche et je repars comme j'étais venue, vers le pays des sables.