Le soleil me narguait au travers de ma fenêtre et je m'étirai avant de me lever de mon lit trop confortable. Mon cadran indiquait 11h, ce qui, entre autre, signifiait que mes parents avaient déjà déserté les lieux. Je descendis donc à la salle à manger, trop heureuse d'être seule. Pour une fois que je pouvais me comporter comme si c'était vraiment mon chez moi. Quand mes parents étaient à la maison, j'avais l'impression d'être épiée à chaque geste et jugée sur tout ce que je faisais. C'était horriblement dérangeant.
Vers 3h, je reçu une coup de téléphone de la part d'Amy. J'hésitai à répondre vu la mauvaise nouvelle que j'allais devoir lui annoncer mais, en tant que meilleure amie, je ne pouvais tout de même pas l'ignorer. C'est avec une voix désolée que je lui répondis.
- Salut Amy, je suis désolée parce que non, je peux pas sortir ce soir.
- Nah mais c'est une blague?! Mila! s'écria-t-elle, offusquée.
- Écoutes Amy, mes parents sont sortis et j'ai interdiction de sortir.
- Encore?
Sa voix était à plat et on voyait le dégoût dans son ton de voix.
- C'est pas comme si c'était ma faute, en? rétorquai-je.
- Je vais encore passer la soirée toute seule...
Je ne répondis rien.
- Je te rappelle demain?
Je hochai la tête même si elle ne pouvait pas le voir et répondis positivement. Elle raccrocha ensuite et je fis de même avant que, cette fois-ci, le téléphone de la maison se mette à sonner. Je répondis avec un bref "oui allo?" Et je restai bouche bée de ce qui suivit.
- Bonjour Mila Enski? Ici la directrice de St-Alexis, Mm Dufrêne.
- Oui, c'est moi?
- Est-ce que vos parents sont là? Il faudrait que je leur parle.
Je fronçai les sourcils. De quoi pouvait-il bien s'agir?
- Non, pas en ce moment, désolée. Ils devraient être là demain soir très tard probablement.
Mon interlocutrice sembla réfléchir, puis elle se lança.
- Comme vous le savez surement par les réseaux sociaux, il y a eu un violent incendie à votre école.
J'en restais bouche bée. Un incendie?
- Qu'est-ce qui s'est passé? fit ma voix étonnée.
- Il y a eu le feu dans la cuisine pendant une conférence. Les pompiers sont arrivés trop tard et le quart de l'école est partie en flammes. Le temps des rénovations et tout, vous devrez être placée ailleurs comme tous les autres élèves. J'aurais préférée parler à vos parents mais...
De mon côté, le silence se fit et je retins mon souffle.
- Bon, voilà ce qui va se passer.
Elle reprit son souffle et j'entendis sa chaise de bureau craquer. Était-elle à l'école en ce moment même?
- Lundi, vous allez, comme tous les matins, vous rendre à St-Alexis. À partir de là, les autobus vos achemineront vers l'école publique du secteur, MacHarrison.
Je relevai les sourcils. MacHarrison? Sérieusement? N'était-ce pas l'école la plus proche, certes, mais aussi la plus paumée et mal fréquentée du coin?
- Vous êtes sérieuse?! m'offusquai-je. Et vous croyez que mes parents vont accepter ça?
Je l'entendis déglutir. Mes parents donnait beaucoup d'argent à St-Alexis et elle savait qu'ils n'accepteraient jamais de me laisser aller à cette école publique merdique.
- J'aurais préféré leur parler mais...
- Assez, ordonnai-je avec ma petite voix de fille de riche.
Elle se tut immédiatement.
- Vous aurez affaire à eux plus tard. Pour l'instant, bon samedi Mme Dufrêne.
Je raccrochai et une expression de dégoût me passa sur le visage. MacHarrison était un lieu beaucoup trop près des drogués pour moi. C'était toujours de gros problèmes et certains pourraient me reconnaître. Ou pas. Ils sont sûrement trop drogués, espérons, pour avoir retenu mon visage.
Je repris mon cellulaire en main et composai le numéro d'Amy. Je devais lui parler de ça. Elle ne répondit pas la première fois ni la deuxième, mais elle me cria instantanément dans les oreilles lorsqu'elle répondit à mon troisième essaie.
- Toi aussi elle t'a appelée?! C'est horrible en? On va mourir avec les tarés de l'école publique!
- Ils ont osés faire ça, tout simplement. Imagine la réaction de mes parents.
- Ouch.
Je soupirai.
- Tu crois qu'on va être prises là-bas pendant combien de temps?
- Trop longtemps.
- Assurément.
Nous continuâmes à parler pendant une bonne heure, oubliant notre malentendu sur la soirée d'aujourd'hui.
***
Je me levai du fauteuil et déposai mes devoirs sur la table près de moi. Mes jambes engourdies par le manque d'activité pour les cinq dernières heures me démangèrent et je les bougeai dans tous les sens pour me débarrasser des fourmis qui semblaient les avoir entièrement envahies. Par la suite, je grimpai à l'étage pour me préparer comme hier soir et, mon fidèle sac sur l'épaule, je quittai ma gigantesque maison pour m'enfuir dans les recoins plus sombres. Je me rendis exactement à l'endroit où ma petite recrue devait m'attendre et je m'assis sur le trottoir pour regarder le ciel rempli d'étoiles. J'attendis longtemps, très longtemps avant qu'il ne se pointe et ma fureur grandit avec les minutes qui passaient. Quand il arriva essoufflé et rouge comme une tomate dans son jean et son sweat-shirt trop large pour son maigre torse, je le regardai comme si mes yeux allaient cracher des lasers et le tuer d'un seul regard sur son pauvre corps tout chétif. Il ralentit l'allure et s'arrêta près de moi les mains sur les genoux et la respiration haletante émanant de son corps plié en deux.
- Désolé...
Il prit une grande inspiration.
- Désolé du retard, ça n'arrivera plus.
Il se redressa et me regarda dans les yeux. Je le fixai d'un air innocent et posai la prochaine question avec légèreté.
- Tu es sûr? Plus jamais en retard? Jamais jamais?
Il hocha la tête et balaya ses longues mèches de cheveux vers l'arrière.
- Alors ça va, je te pardonne pour cette fois, dis-je de mon ton le plus doucereux.
Incrédule, il me fixa de ses yeux ronds comme des billes.
- Pour de vrai?
- Oui.
Un sourire naquit sur ses lèvres et, mon expression passant de tolérante à hyper en colère, mon poing décolla et atterrit directement sur sa joue droite avec violence. Il bascule vers l'arrière et tomba sur le sol en lâchant un cri de surprise. Son air complètement abasourdi me réjouis alors que je levai mon doigt pour le pointer.
- Règle numéro un, ne jamais faire confiance à qui que ce soit. Règle numéro deux, ne jamais baisser la garde et règle numéro trois...
- ...ne jamais arriver en retard? me coupa-t-il d'un ton ironique.
Mon crochet droit parti tout seul vers son visage et je le vis perdre son sourire. Mon coup s'abattit sur lui avec la force de dix hommes et sa tête décolla presque de son corps. Il tomba inconscient à mes pieds et je le regardai froidement.
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Moi l'ange, Moi le démon
Подростковая литератураL'ange: Elle fréquente une école privée, elle est une élève studieuse et intelligente qui récolte les meilleures notes et elle est d'une gentillesse sans égale. Le démon: Elle fréquente les mauvais coins, elle sait ce...