Chapitre 1: La missive

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Je suis toujours étonnée par la beauté de ces lieux. J'ai beau y avoir vécu depuis ma naissance, ces paysages enneigés m'émerveillent toujours autant. Je relève mon visage vers le ciel d'un blanc lumineux, ma capuche glissant légèrement vers l'arrière. Quelques flocons viennent se déposer sur ma peau, alors que mes yeux suivent la trajectoire du griffon jusqu'à ce que ce dernier se pose sur son nid, dans l'une des cavités de l'immense falaise.


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Quelle créature majestueuse ! Son plumage argenté se confond avec la neige, ses ailes puissantes pourraient balayer n'importe qui d'un seul mouvement. Quant à son bec noir et pointu... Je frissonne rien qu'en imaginant ce qu'il pourrait me faire si je me retrouvais à la place de l'une de ses proies.


Je l'ai déjà vu en action, oh oui ! Et pour cause, c'est l'une de mes fidèles amies, je l'ai nommée Alëana. Je me souviens l'avoir trouvée il y a de cela deux hivers alors que ce n'était encore qu'un bébé. Si je ne l'avais pas accueillie sous mon manteau et nourrie pendant plusieurs jours, elle serait probablement morte à l'heure qu'il est. Depuis, un lien indescriptible s'est tissé entre elle et moi. Il ne se passe pas une semaine sans que je ne vienne la voir.


Je suis la seule à pouvoir l'approcher, encore mieux : elle me laisse caresser ses petits ! Les griffons ne sont agressifs que pour deux raisons : soit on s'approche de trop près et ils se sentent menacés, soit on s'approche de leur progéniture ; dans un cas comme dans l'autre, il ne vous reste plus qu'à courir au risque de finir déchiqueté et leur servir de prochain repas.


Son cri familier me parvient malgré la distance, un sourire se dessine sur mes lèvres alors que j'avance à pas de loup sur la neige épaisse. Quelques points scintillants dans le ciel m'indiquent qu'il est temps pour moi de rentrer à la maison. Avec un peu de chance, personne ne se sera aperçu de mon absence, Anastasya devait dire que j'étais restée au lit toute l'après-midi, souffrante. Ma mère ferait une nouvelle crise de nerfs si elle apprenait ma petite escapade.


Je soupire et accélère le pas, dévalant la petite colline qui me sépare du château en trottinant. J'ai heureusement l'habitude de courir, car la météo capricieuse ne me facilite pas la tâche aujourd'hui : l'air froid s'engouffre avec violence dans mes narines et brûle mes poumons. C'est loin d'être une sensation agréable, mais je n'ai d'autre choix que de me dépêcher si je ne veux pas finir confinée dans ma chambre.


Quelques minutes plus tard, j'arrive aux abords de la forêt de pins qui encercle la propriété. Elle a troqué sa robe verte pour un épais manteau blanc. Il a beaucoup neigé ces derniers jours, et je suis, pour ainsi dire, trempée. Je frissonne avant de me faufiler par l'arrière de l'écurie où plusieurs chevaux se reposent tranquillement dans leurs boxes respectifs. Je me dirige vers celui dont la porte est peinte d'un bleu turquoise. Un hennissement joyeux m'accueille. Je caresse Céleste, mon cheval, qui enfonce le naseau dans ma main à la recherche d'une quelconque gourmandise. Je rigole en secouant la tête.


— Désolée ma belle, je n'ai rien pour toi ce soir !


Je sens son puissant souffle caresser ma nuque. Elle n'est guère contente de ne pas avoir eu sa sucrerie quotidienne, mais je n'ai pas le temps de m'y attarder qu'une certaine animation de l'autre côté de l'écurie attire mon attention.

Les Chroniques de Llyrh - Partie 1 (Sous contrat d'édition )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant