[OS] The Fight (suite 1916) - Larry

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Nous sommes le 25 septembre 1916

Harry attendait au poste qu'on avait aménagé à l'arrière du front. Certains soldats s'y reposaient, mais c'était principalement là où étaient réceptionnées les lettres.

Il y était allé, comme tous les jours, et encore ce jour-ci, le poste était bondé. Une bonne centaine d'hommes s'agglutinaient aux deux, trois postes disponibles, où des femmes regardaient les destinataires des lettres afin de leur remettre.


Harry était là, debout, depuis un bon moment, les mains dans les poches, regardant autour de lui. Il regarda ses grosses chaussures sales, s'impatiantant. Le délai d'envoi et de réception d'une lettre était d'entre un et douze jours. Il se dit que peut-être Louis n'avait-il même pas encore reçu sa lettre. Et si sa lettre s'était perdue?

Le grand bouclé jeta un coup d'œil aux alentours et vit une chaise vide, seule contre le mur. Il alla s'y asseoir, avec déception, et il passa sa main dans ses cheveux, soupirant. Il avait le regard perdu ; il avait oublié tous ses repères depuis qu'il ne voyait plus Louis. Cela faisait déjà une vingtaine de jours qu'il ne l'avait plus sous les yeux. Il commençait à devenir fou. Subitement, on lui tapota l'épaule. Il leva tristement la tête, un homme debout devant lui le fixait :

- Styles?

Harry hocha la tête.

- C'est moi

L'homme lui tendit une enveloppe :

- Pour vous

Harry le regarda un peu surpris, puis prit la lettre en la retournant.

- De Tomlinson, rajouta l'homme

Harry le regarda avec une énorme gratitude.

- Merci

Puis l'homme repartit. On avait sûrement dû lui donner la mauvaise lettre.

Harry fixait la lettre avec une telle consécration et bénédiction qu'il resta une poignée de minutes à retourner, scrutter, dévorer des yeux l'enveloppe froissée par le voyage. Il l'ouvrit avec prudence afin de ne pas plus l'abîmer. Il sortit de l'intérieur un papier plié en trois, qu'il étenda rapidement afin d'y reconnaître l'écriture de Louis dans un long paragraphe. La lettre datait du 19/09/1916. Il la lut avec attention, donnant du sens à chaque point, chaque virgule du texte, pendant qu'il entendait la voix de Louis dans sa tête, qui lui dictait les mots. Il était toujours présent.

Harry relut plusieurs fois la lettre pour qu'elle puisse s'inscrire dans sa mémoire.

Au même moment, la porte du poste s'ouvrit dans un fracas, un des commandant hurlant à l'attaque. Harry replia alors sa lettre et la fourra dans sa poche en s'emparant de son fusil ; il accoura, ainsi que les autres hommes, hors de la baraque, pendant que les femmes rangeaient les lettres et s'abritaient.

Il pleuvait à nouveau.

Harry entendait les obus célestes percuter son casque dans un tonnerre de bruit. Il pataugeait dans sa tranchée, devenue glissante par la pluie. Il manqua de se ramasser une paire de fois, mais il arriva rapidement à sa place. Il regarda furtivement par-dessus son rempart et vit des étoiles par-delà le front ennemi. Il prépara son arme et cibla ses adversaires approchant. Ses mains tremblaient légèrement, à l'idée que ce serait ses premières victimes. Mais c'était pour son pays qu'il s'était engagé. Alors la pensée de Louis le détenda et le fit se reconcentrer sur son objectif. Les allemands se rapprochaient dangereusement, ventre à terre, ils courraient vers la base alliée. La plupart se firent descendre par les coéquipiers d'Harry, jusqu'à ce que..

Boum.

Il avait tiré. Sa victime s'avâchit au sol dans une disgrâce rude. Il quitta son arme des yeux, déboussolé du coup de feu. Il portait dès à présent un mort sur la conscience, bien que c'était son but. Les corps ennemis continuèrent de tomber sous les balles des soldats. À la vue de ce macabre spectable, son esprit commençait à se brouiller. Il prit une respiration pour rétablir ses idées en ordre et continua de faire ce pourquoi il avait été recruté : combattre.

-|†|-

C'était l'heure du repas. Harry mastiqua son bout de pain plutôt dur en se remémorant la journée qu'il avait passé. Ses armes n'étaient qu'un attirail démontrant la puissance, alors qu'Harry était de nature douce. Il se cachait sous son casque et derrière ses équipements, se renfermant dans une carapace, loin de l'horreur de la guerre.

Alors qu'il s'abandonnait à ses pensées, il repensa à la lettre de Louis et la réponse qu'il devait lui écrire. Étant donné la fâtigue occasionnée, il pensait écrire le lendemain, avec l'espoir que Louis puisse lire rapidement sa lettre, et lui en renvoyer d'autres, jusqu'à ce qu'il soit rentré.

OS - One DirectionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant