Nous sommes le 21 Novembre 1916.
Louis cuisinait dans sa vieille marmite de fer et il découpait ses légumes avec brutalité. Cela faisait plus de dix jours qu'il n'avait pas reçu de nouvelle lettre. Il était partagé entre la peur et la frustration.
Encore une fois il avait cuisiné pour tout un régiment. Harry mangeait beaucoup, donc finalement cela ne représentait pas grand chose ; mais Harry n'était pas là.
Il était encore plus frustré quand il ne sentait plus Harry entourer sa taille. Cela faisait également plus de deux mois qu'il ne l'avait pas vu. Il lui manquait beaucoup trop.
Le petit bout d'homme s'énervait seul, dans son coin, tout en cuisinant, jusqu'à ce qu'il fonde en larmes.
C'en était trop pour lui. Il avait besoin d'Harry plus que tout au monde.
Le bruit de la sonnette l'interromput dans son chagrin. Il soupira en se disant que cela devait sûrement encore être la voisine d'à côté, qui demande pour du sel. En effet, elle en avait demandé plus d'une fois. Il essuya alors rapidement ses larmes avec son tablier légèrement décousu et attrappa le pot de sel. Il marcha à pas rapides jusque la porte et l'ouvrit violamment pour enfin donner son sel à la vieille. Un homme grand, un peu barbu, se tenait devant lui. La bouche de Louis s'entrouvrit et il manqua de lâcher le sel.
- H-Harry?..
Celui-ci esquissa un sourire.
- C'est pour qui le sel?
Louis reposa rapidement le sel sur le meuble le plus proche pour prendre Harry dans ses bras et l'enlacer fermement au cou. Ses larmes repartirent comme elles le faisaient un peu avant, mais celles-ci n'étaient pas de même nature : il était heureux et soulagé. Ils s'embrassèrent un long moment.
- Tu m'as manqué.. lui dit Louis
- Moi aussi tu m'as manqué Lou, répondit Harry en frottant son dos de sa main
Le plus petit réarrangea les vêtements du plus grand en se plaignant de la saleté de ceux-ci. Harry l'embrassa à nouveau pour le faire taire, et Louis sourit enfin.
- Je.. faisais à manger, dit-il timidement
- Continue alors, je te regarde
Le visage de Louis s'illumina et il se remit rapidement à la cuisine.
Alors que Louis remuait lentement, en ronds, sa spatule de bois dans la marmite bouillonante, Harry enroula sa taille de ses bras et reposa sa tête, souriante, sur son épaule. Il lui embrassa le cou, et Louis retrouva sa bonne humeur et son sourire ne faisait qu'augmenter
• ∆ •
Louis mangeait paisiblement sa viande quand Harry posa sa main sur la sienne. Il leva alors la tête pour voir son homme, souriant, ce qui le fit sourire aussi.
- Si tu savais à quel point tu me manquais, dit Harry
- Toi encore plus
- C'était.. très dur.. Pas seulement parceque tu n'étais pas là, mais moralement aussi..
Louis l'écoutait parler attentivement. Harry continua :
- J'ai.. dû tuer pas mal de gens.. J'me sens tellement coupable..
Louis caressa sa main.
- Faut pas t'en vouloir bébé, c'était toi ou eux. Et puis, tu as été recruté pour ça après tout..
Harry hocha la tête et continua de manger.
- Je ne sais pas si je te l'ai vraiment dit mais..
Harry leva à nouveau la tête.
- Je t'aime. Et je l'ai encore plus réalisé quand tu étais pas là. Je t'aime Harry. Énormément.
Un petit silence s'était installé.
- Moi aussi je t'aime Louis.
Il se pencha par-dessus la table pour lui donner un baiser, puis il se rasseya sur sa chaise. Ils terminèrent le repas en se regardant amoureusement et se lançant des sourires.
Le soir-même fut une longue nuit de retrouvailles, où tous deux se rencontrèrent à nouveau, et pouvaient enfin penser à autre chose que le manque de l'autre.