Quelle étrange manie que de monter sur un toit dans le vent et le froid en pleine nuit vous direz vous sûrement, mais peu importe, moi j'aime ça, c'est la seule façon que j'ai trouvée pour me vider complètement ma tête et sécher mes larmes.
Là, au milieu de la nuit du 21 au 22 janvier, c'est pour oublier que je me tiens sous la pluie battante au sommet de cet immeuble sensé être le mien. Oublier la vie, oublier ma vie. Oublier la sienne, qu'il a perdue aujourd'hui. Oublier que maintenant, le soleil de mon existence s'est éteint. Si seulement... si seulement quoi au juste? Je savais que c'était inévitable mais ça ne change rien. Je sais que c'est justement sa maladie qui a rendu notre vie extraordinaire, la sachant courte, il en a toujours profité et m'y a initiée. Maintenant, il repose pour l'éternité. Et je dois faire face à son absence. Ou sauter. Car oui, c'est l'autre raison pour laquelle je suis ici: pour peut-être le rejoindre.
Comment vivre sans lui ? Il était la seule personne sensée que j'ai réussi à trouver dans ce monde où la stupidité préside, où on est con de plus en plus tôt. On avait tous les deux renoncé à être normaux, quitte à être seuls.

À l'image de notre relation, notre rencontre, il y a trois ans, est étonnante: j'avais encore une fois craqué; je ne pouvais plus supporter mes camarades de classe; leur bêtise, leurs remarques, moqueries et regards malveillants. J'étais donc sortie dans la rue et avais pris le bus jusqu'aux quais de la Loire, hésitant à m'y jeter. C'est là que je le vis venir vers moi. Lui aussi il semblait souffrir mais il me sourit et ce sourire me parut être le plus lumineux que j'avais jamais vu. Il me parla ensuite doucement de sa souffrance comparable à la mienne et nous décidâmes de devenir forts, de ne pas les laisser nous faire du mal et de vivre pleinement notre vie sans qu'ils n'aient aucune emprise sur nous. Quand je dis «ils» je parle des imbéciles de mon âge qui pourrissent la vie des autres. C'est sur ces belles promesses et après un échange de numéros de téléphone que se termina la rencontre qui changea ma vie.

Pendant trois ans, nous avons traîné dans tous les endroits possibles de la ville, partageant nos mauvaises aventures tout en vivant des moments inoubliables. Que ce soient nos escapades la nuit, sur les toits, nos découvertes d'endroits ou encore nos vacances ensemble (summum du bonheur mais malheureusement exceptionnelles), tous ces moments resteront à jamais gravés dans ma mémoire, faisant se ressentir encore plus le vide creusé pas son absence. Sauf si je saute. Dans ce cas, plus de souffrance et, si jamais il y avait un autre monde, je l'y rejoindrais...

{Hey les gens! Voilà le début d'une nouvelle histoire, c'est plutôt court mais tant pis, je voulais mettre un peu de suspense... (oui c'est nul) en tout cas n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez! Je vais essayer de poster la suite dans pas trop longtemps...}

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