Morgane est stagiaire au sein d'un office notarial à Montpellier, dans le sud de la France et nourrit l'espoir d'obtenir son diplôme afin de pouvoir exercer cette profession prochainement. Mais voilà : elle doit supporter les sautes d'humeur de son...
Quand je suis arrivée à la maison, je me suis fait couler un bon bain chaud mousseux parfumé à la rose, et j'avais même pris soin de disposer des bougies autour avant de me servir un verre de vin blanc. Du Tariquet, mon préféré. J'aime son goût fruité, léger et fleurit. J'adore le sentir rouler sous ma langue et humer l'odeur de ce nectar à la robe dorée. Son caractère exotique et gourmand me rafraîchit et me provoque bon nombre de frissons, ce qui est d'autant plus appréciable lorsqu'on se trouve enveloppée par la chaleur de l'eau.
Je me suis saisis de mon livre de chevet également pour profiter plus amplement de cet instant. Je me laisse bercer par les mots de Nicholas Sparks dans son ouvrage « À tout jamais ». Est-ce qu'un amour peut-être aussi beau que celui que les deux personnages partagent ? Je me surprends à rêver du prince charmant alors que je sais bien que, de nos jours, la monture que ce fameux prince m'inviterait à monter n'a rien à voir avec un cheval blanc. Ne désespérons pas, l'amour et la romance existent toujours, non ?
Je termine rapidement l'histoire, trop prise et concentrée par elle, et les larmes roulent déjà le long de ma joue lorsque les dernières pages arrivent, et que la jeune fille décède finalement. J'espérais tellement qu'un miracle allait la sauver. Mais non. J'ai l'air idiote à pleurer dans ma baignoire.
Exaspérée par mon émotivité, je repose mon livre sur le meuble le plus proche, bois d'un trait le reste de mon verre de vin avant de m'enfoncer un peu plus dans l'eau chaude et d'y plonger ma tête.
J'observe le plafond qui ondule à cause de l'eau au dessus de moi, et mes pensées se réorientent vers mon tortionnaire. Un sacré beau connard quand on y pense. Sa tête d'ange et son esprit brillant ne font pas tout pour lui, malheureusement. Le dicton qui dit « soit beau et tais toi » lui scie à merveille. Après tout, les vraies pierres sont silencieuses, non ? Pourquoi devrait-il déroger à la règle ?
Je n'ai de cesse de me demander si c'était vraiment lui qui m'observait courir à la salle de sport. Que ce soit lui ou un autre, c'était dérangeant et à la limite extrême de la perversité.
Il est sept heures trente lorsque j'arrive à l'office. Je ne commence qu'à neuf heures, mais je suis venue plus tôt pour avancer la rédaction de mes actes, vu que Pierre ne me trouve pas assez rapide. Pour lui, cela signifie également que je ne suis pas assez investie ; tant que je ne suis pas morte sur mon bureau, je n'ai pas assez travaillé.
Il est déjà là, lui aussi. Rien de bien surprenant, il est toujours là avant tout le monde et c'est également le dernier à partir. J'ai toujours été admirative de sa détermination.
Prise d'un élan de sympathie, je me dirige vers les cuisines et prépare deux cafés allongés. Je crois bien que je suis de bonne humeur.
En montant les escaliers en marbre, je fais bien attention à ne pas renverser les liquides noirs dont les effluves gourmandes me chatouillent les narines, d'autant qu'à chaque pas, mon sac à main bascule un peu plus, risquant de tout emporter.
Je frappe doucement à la porte de Pierre qui hausse les sourcils, visiblement surpris de me voir déjà là, avant ses associés.
- Bonjour Maitre, je vous apporte un café.
- S'il ne vient pas du Pérou, je n'en veux pas.
Bonjour, c'est pour les chiens ?
- Je vous demande pardon ?
- Hier, vous m'avez dit que vous alliez faire importer les grains de café du Pérou. Si ceux-là ne sont pas péruviens, je ne le boirai pas.
Je suis littéralement éberluée. Pas de merci, juste des réprimandes, encore des réprimandes et toujours des réprimandes.
- Désolée, la nuit a été trop courte pour que je puisse me faire livrer à temps. Vous allez devoir vous contenter de mes cafés imbuvables pour le moment.
Sans attendre mon reste, je dépose le café sur son bureau et fais volte-face pour me précipiter, irritée au possible, vers la porte. Je crois que ma bonne humeur vient tout juste de s'envoler.
Quand je m'apprête à franchir le seuil de l'huis de son bureau, je l'entends qui se racle la gorge pour attirer mon attention. Je tourne la tête et sur le même ton sarcastique, me hâte de lui répondre.
- Finalement vous désirez des grains de café boliviens et non plus péruviens, c'est bien ça ?
- Merci, Morgane.
Je suis stupéfaite. Il m'a dit merci ? Il m'a appelé Morgane ? C'est la première fois que mon prénom non écorché sors de sa bouche. D'ailleurs, l'entendre sortir de ses lèvres, prononcé par sa voix me fait un drôle d'effet.
- C'était un plaisir, balbutié-je.
Je me sens terriblement troublée devant ce sourire nouveau qu'il affiche, et continue ma course vers mon bureau ; j'ai encore du travail. Il m'a appelé Morgane.
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