Chapitre III ~ Partir

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Quatre mois. Cent-vingt jours. Des centaines d'heures s'étaient écoulées depuis son retour chez les humains. Plus le temps passait, moins elle réussissait à supporter sa captivité. Son désir de liberté s'était renforcé tout comme la sécurité que Mia avait élaborée.

Daïline ne s'était plus retrouvée dehors sans Mia. Ses seules sorties se résumaient à travailler sous la selle de la petite fille. Le reste du temps elle était enfermée dans un box, en plein milieu de l'écurie principale. Rare fut les moments où elle pouvait apercevoir un bout ciel, sentir l'air frais sur son corps.

Par hasard, son voisin de box était l'étalon blanc. Cela ne lui faisait ni chaud ni froid. Elle ne l'appréciait plus surtout après leurs retrouvailles où ils eurent une discussion un peu houleuse.

« Te revoilà parmi nous, l'accueillit-il sarcastique. J'aurais préféré que ça se passe autrement mais tu sais que les humains sont plus forts que toi.

- Tu te trompes. Je réussirai à repartir, assura Daïline.

- J'en doute fort, tu as échoué une fois alors abandonne.

- Jamais ! Tu entends ? Il y aura bien un moment où Mia commettra une erreur.

- Elle te retrouvera et le cycle recommencera. Tu n'as aucune chance. »

Daïline ne put pas répondre car elle reconnut le pas de Mia. Cette dernière lui apportait une friandise espérant que la jument l'accepte. Après un énième refus, elle décida d'abandonner et de la promener. A leur retour, Mia distraite par un appel téléphonique ne fit pas attention à fermer correctement le verrou du box. Daïline sauta sur l'occasion. Peut-être sa seule opportunité de partir pour de bon. Dès que Mia fut hors de vue, elle poussa la porte d'un coup de tête faisant lâcher le verrou. Elle traversa la grande écurie et se retrouva enfin à l'extérieur.

Elle prit la direction des prés et rencontra de nouveau l'étalon blanc, qui ahuri de la voir seule la rejoignit. Il l'interrogea mais elle ne prit pas la peine de lui répondre, trop pressée de s'enfuir avant que Mia ne la découvre. Elle n'avait plus rien à perdre ici.

Elle observa l'étalon peureux une dernière fois, se retourna puis partit pour toujours retrouver ce qu'elle avait cru perdre définitivement : sa liberté.

Le chemin de retour fut long et éprouvant car Daïline ne mangea pas, ne but pas. La déception fut lourde de conséquences lorsqu'elle découvrit que le troupeau dont elle avait fait partie un moment avait disparu. Un après-midi, alors que le soleil était haut dans le ciel, elle reconnut la terre où elle était née. Celle de ses ancêtres.

De son côté, Mia dévastée par la seconde disparition de Daïline se mura dans le silence.

Le ChevalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant