หนึ่ง

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« Bonne nuit. » murmurai-je dans la pénombre de ma chambre, comme si ces mots étaient adressés à quelqu'un d'autre que moi. Des parents imaginaires, des frères imaginaires.
J'attendais tous les soirs vainement une réponse mais jamais une ne parvenait à mes oreilles.
Une brise légère agitait mes rideaux bleus, ou plutôt marrons à cause de l'usure et la saleté, les faisant valser, tourbillonner, s'entremêler et me narguant d'être plus heureux que moi, eux, simples bouts de tissu.
Les carreaux brisés de ma fenêtre laissaient parvenir à mes oreilles le chant de la ville, le cris, les bouteilles qui s'éclatent en mille morceaux au contact du sol, le klaxons, la musique des boîtes bien trop forte.
Le sol était froid, même le petit matelas aussi fin qu'une feuille de papier sur lequel je dors a absorbé cette température. Alors je me roulais en boule, contre le mur à ma gauche.
Mon piteux appartement. Je le détestais, je le haïssais. Mais plus que tout je haïssais ma vie.
J'ai perdu.
Où ?
Par tout.
Le travail, l'école, la famille, les amis... Ma naissance.
Mais voilà, tel un coquillage, je m'accrochais en vain à ma roche, la vie, bêtement, sans vraiment savoir si cette roche est d'accord.

La poignée de la porte fenêtre se baissa. Un client ? Non c'est impossible, c'est mon unique jour de repos. Peut-être mon employeur.
Je pouvais distinguer les traits d'une silhouette bien plus élancée que celle de mon patron.
J'étais de plus en plus apeurée au fur et à mesure que la poignée se déverrouillait mais j'étais en même temps curieuse. Il y avait quelque chose de magique dans cette silhouette, quelque chose presque divin. Une sorte d'aura qui envahissait et embaumait ma niche.
Je faisais semblant de dormir tout en gardant les yeux discrètement ouverts pour observer mon divin voleur.
Il n'était pas très grand mais il avait un visage si lisse, si pur. Il semblait chercher quelque chose mais quand son regard se posa sur moi, il recula d'un coup. Tellement vite, cela me paraissait irréel. Il heurta malencontreusement une lampe posée au sol ce qui le fit paniquer de plus belle mais à ce moment-là, il ce produisit quelque chose de si extraordinaire. Ses pieds se décollèrent du sol et il commença à grimper gracieusement pour trouver refuge au plafond, comme une petite chauve-souris.
Je sursautais contre mon gré me faisant repérer par ce garçon.
Nous restons à nous regarder, la peur aux yeux pendant une dizaine de minutes, peut-être même plus.

« Qui es-tu ? je l'interrogeais.
- Moi ? Je suis Ten. »

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