18 ans

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2009. 18 ans. Massive Attack – Paradise circus.

Assis en tailleur sur le balcon de sa chambre étudiante, Louis fume. Il observe la nuit, les étoiles, attrape une bière et la boit avec tant de frénésie qu'il en renverse un peu partout sur son tee-shirt, les tâches d'alcool se mêlant à celles de ses pleurs. Il étouffe, ici ou ailleurs, ça le prend à la gorge et il s'accroche aux barreaux en fer, priant, espérant de toutes ses forces qu'il parviendra à être libre, un jour. En attendant, il veut juste tout oublier. Mais une part de lui s'accroche à ces souvenirs qu'il chérit tant, avec un relent d'amertume, pourtant.

Harry est parti. Il ne « supportait plus la distance ». Ils n'habitaient qu'à une trentaine de kilomètres l'un de l'autre, pourtant. Mais c'aurait été naïf de croire que le fossé entre eux n'était que géographique. Ils s'étaient aimés, et s'aimaient encore d'un amour timide, précieux mais fragile comme une caresse. Ces derniers temps, ils n'avaient plus vraiment su comment agir l'un envers l'autre. Ils avaient eu beau longtemps espérer secrètement, chacun de leur côté, qu'ils se sauvent mutuellement, personne n'est héroïque. Ils couraient après un but inaccessible et Harry, bien qu'étant plus jeune que Louis, avait su le comprendre. Ils s'autodétruisaient, s'acharnaient à s'aider l'un l'autre en ignorant leurs propres besoin. Cette méthode les avait propulsés bien haut, mais la chute n'en était que plus dévorante.

Ils avaient besoin de se reconstruire, chacun de leur côté. Louis se voyait déjà comme une cause perdue, encore plus loin de la seule chose qui le faisait se sentir vivant. Mais il acceptait. Le bonheur d'Harry comptait plus que tout. Et si son bonheur devait se faire loin de lui, soit.

L'abîme de la solitude lui apparaissait comme étant acceptable, tant qu'il n'était plus toxique pour Harry. Il se sacrifiait par amour. Il savait pertinemment qu'il ne s'en remettrait pas, Harry était l'une de ces blessures qui ne se pansent jamais réellement.

Ses yeux zigzaguent entre la cigarette pendue à ses doigts fins, la bière posée négligemment par terre, et les étoiles, si ternes à présent. Il se penche un peu, étudie le vide par-dessus le balcon, et cette vue arrache un sourire à son visage pâle.

Plus rien n'aura d'importance.

The path to decay [L.S]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant