Au sein de ce monde, il est des âmes que la majorité ignore. Elles se sont perdues un jour, sortant des sentiers de la commodité que chacun emprunte, oubliant le fonctionnement de ce monde. Beaucoup d’entre elles voulaient fuir cette succession d’échecs que représente la vie. Et toutes ont réussi, sans pour autant calculer le prix de cette hérésie.
J’en ai souvent rencontré de ces vaillants étrangers, toutes ces âmes au regard voilé, dont les pensées ne font plus parties de ce monde. Combien de nuits ai-je pu passer, fuyant le sommeil, à écouter toutes leurs histoires venues d’ailleurs. Chacun possédait son propre petit bout de chemin, ses propres expériences et son propre point de vue sur ce monde que je tente de fuir à mon tour. Et pendant longtemps, j’ai essayé de mettre des mots sur tous ces contes de monstres et de fées sans jamais parvenir à cerner ces émotions qu’ils ont fait croître en cette âme rêveuse qui vit en moi. Vous ne pouvez pas lire dans ce regard : marre ébène pour certains, ciel embrasé, rempli de milles mondes nouveaux pour d’autres. Comment pourriez-vous comprendre ce que tout ça signifie sans détailler leurs gueules cassées par le temps et le froid, par la peur et l’espoir ? C’est ce que je me suis longtemps demandé, sans trouver de réponse convaincante jusqu’à présent…
Mais si je ne les peins pas maintenant, je crains de les oublier, tous ces morts aux esprits affûtés. Alors, lecteurs, je vais vous demander un effort que moi-même je peine encore à faire : ouvrez les yeux, restez silencieux et battez des ailes. Rejoignez-nous, êtres abstraits, et buvez nos paroles, apprenez-les, conservez-les et défendez-les. Elles valent tout ce que vous avez de plus précieux, elles ont la valeur de mille mondes, mille vies.
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Introspection
Non-FictionLes premières lignes d'un roman que j'ai commencé il y a quelques semaines.