Ange des Ténèbres - T2 Emprisonnée (Terminé)

Chapitre 36

Nanaël grogna et s'éloigna du trône. Elle se tourna vers Abby qui se releva après qu'elle l'eut envoyée balader avec un puissant coup de poing dans le ventre.

Elle se précipita sur Abby et la bloqua contre le sol. Le choc fut si terrible qu'Abby poussa un cri.

- Qu'a dit Asah ? Que doit-on faire pour la ramener ? s'énerva Nanaël.

Abby, déboussolée par le choc, attendit que ses sens lui reviennent.

- Parle, la secoua Nanaël.

Abby la regarda droit dans les yeux.

- Asah ne t'a rien dit, alors ça veut dire qu'elle ne te considère pas comme sa sœur.

Furieuse, Nanaël la repoussa avec sa magie.

- Abby, s'écria Lewis en la voyant en mauvaise posture.

Il braqua sa baguette sur Nanaël et prononça :

- Blocus lignum !

Aussitôt, des lianes sortirent du sol et lui barrèrent la route. Mais Dragasum intervint, projetant Lewis contre le mur et détruisant sa magie.

Nanaël rattrapa Abby et la souleva par son le cou.

- Tu vas parler, oui !

Abby fixa Nanaël, sa vraie nature s'affichait sous l'effet de sa colère. Elle lui cracha au visage.

- Va lui demander, démon !

Enragée, elle cogna Abby contre le mur, brutalement.

BAM ! BAM !

Le choc fut violent. Abby en eut le souffle coupé, elle avait l'impression de recevoir des coups de hache qui lui fendaient le crâne. Elle encaissa plusieurs coups et tout se brouilla.

Elle sentit le sol se glacer sous son corps, elle n'entendit plus aucun son. Tous ses sens la quittaient et sa respiration ralentit.

- Abby, cria Lewis.

Pris de colère, il fit appel à la magie noire. Ses Alfes de Lumières se métamorphosèrent en créatures hideuses et déferlèrent sur Nanaël. Elle hurla de douleur, sentant les nouvelles créatures transpercer son corps, l'éloignant d'Abby dont la tête était en sang.

Lewis se jeta au sol, prenant Abby dans ses bras.

- Abby, non ! pleura-t-il.

Il récita l'incantation de guérison, mais il était tellement paniqué que sa magie n'apparût pas. Il la berça contre lui, priant de ne pas mourir.

Abby cligna des paupières, sentant un doux parfum lui caresser le nez, sentant son corps bercé par des bras forts et sécurisants. Elle savait que c'était Lewis. Elle voulait lui dire quelque chose, mais n'en avait plus la force. Une lumière l'aveugla soudain. Elle se retrouva dans un univers tout blanc. Un rayon de soleil traversa l'espace, comme pour la guider vers sa fin. Elle commença à le suivre mais des voix l'interpellèrent. Elle se retourna et ses yeux s'embuèrent de larmes en les voyant.

Sa grand-mère et son père. Elle se précipita vers eux et leur sauta au cou.

- Grand-mère ! Papa ! C'est vous ! (Elle pleura de tout son cœur). Je suis contente de vous revoir. Vous êtes partis si soudainement.

Sa grand-mère lui caressa les cheveux.

- Nous sommes désolés, nous n'étions pas assez puissants face à ce démon. Mais l'heure n'est pas encore venue pour toi.

Abby se détacha de sa grand-mère qui lui caressa les joues.

- Nous pouvons soigner nos blessures comme tout ange, lorsque nous puisons dans notre âme spirituelle.

- Notre âme spirituelle ?

- La source de notre pouvoir. Je vais t'aider à l'atteindre, lui dit son père en lui tendant la main.

Abby fixa les mains de son père.

- Attends, si je fais ça, je vais me soigner et je vais retourner là-haut, on ne se verra plus !

- C'est le destin, Abby. Nous sommes morts pour protéger la Corne.

Abby avala sa salive. Elle avait failli à sa mission.

- Non, toi aussi tu l'as protégée, ma chérie, lui dit sa grand-mère. Tu n'as pas à avoir de remords. Et puis c'est maintenant que tout va s'achever.

- Maintenant ?

- Oui, car il est temps de mettre un terme à tout cela. Tu vas retourner là-haut, tu vas te battre pour rapporter la lumière. Ensuite, tu poursuivras ta vie. Tu rencontreras quelqu'un. Tu te marieras et tu auras des enfants. Tu deviendras une femme et une mère aussi épanouie que je l'ai été. Tu dois vivre Abby.

Les paroles de sa grand-mère lui procurèrent un bien terrible qu'elle eut envie de se battre pour vivre. Sa grand-mère lui sourit et lui posa un baiser sur son front.

- Je t'aime, Abby.

- Je t'aime, grand-mère.

Ses larmes coulèrent et elle attrapa les mains de son père qui lui sourit.

- Nous n'aurons pas passé beaucoup de temps ensemble, mais je sais que je t'ai transmis des valeurs... des valeurs que tu devras transmettre à ton petit frère. N'aie pas peur de l'inconnu, prends ton destin en main, aime les personnes qui te sont chères, peu importent les choix que tu feras, ne regrette jamais rien.

Abby ne put retenir ses larmes. Son père balaya les larmes de ses yeux.

- Sois toujours forte, garde la tête toujours bien haute, donne le meilleur de toi-même dans tout ce que tu entreprendras ! Je resterai toujours dans ton cœur.

Abby acquiesça et se blottit contre son père.

- Maintenant, tu dois fermer les yeux. En chacun de nous, il y a un Moi, un Moi que parfois on repousse, un Moi qu'on n'a pas envie que les autres découvrent par peur de les blesser ou par peur qu'ils se moquent de nous. Un Moi que l'on garde emprisonné au fond de son âme. Mais ce Moi est la source de notre pouvoir. Ce Moi, est nôtre âme spirituelle et tu dois le libéré.

Abby se concentra. L'obscurité fut assaillie par des étoiles puis une lumière douce, chaleureuse et vibrante. Elle entendit son père lui dire « Adieu » et lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle vit Lewis qui avait les joues mouillées.