Ilreposa le livre dans l'étagère de la bibliothèque. Pas folichon ensomme. La vieille dame de l'accueil l'observait avec un airlégèrement impressionnée. Il la gratifia d'un franc sourire. C'estvrai qu'il lisait vite. Très vite. Ses yeux bougeaient sans qu'ils'en rende compte. Son esprit enregistrait un mot sur deux, devinantles autres. Il avait lu au bas mot un millier de livres.
Lukesortit du magasin et se dirigea vers le métro. Il faisait chaud pourun mois de septembre. Le paysage avait pris des couleurs chaudes etle goudron gris avait été submergé par une vague de feuillesrouges, oranges et jaunes. L'automne s'installait, posant sesmarques, ça et là. L'asphalte, qui avait été battu par lachaleur, les semelles de cuir et les talons aiguilles, reprenaitdésormais ses passants. Il ne faisait pas beau à proprement parler.Le ciel était couvert par des nuages cotonneux grisonnants et lesoleil filtrait difficilement à travers. Le vent chaud soulevait lefeuillage mort en tourbillonnant. Mais c'était un temps qui luiconvenait, chaud, seul, gris...
Ils'engagea dans une bouche de métro. Il passa sa carte et continuadans la rame. Déjà bien fournie. Seuls deux hommes aux lunettes desoleil noires arrivèrent à sa suite. Un petit gringalet aux os surla peau et une armoire à glace littéralement faite de muscles.Contraste amusant. « Laurel et Hardi ». Cette pensée fit naîtreun sourire sur ses lèvres. Laurel alluma une cigarette. Le bruitd'un métro résonna dans le tunnel. Le véhicule s'immobilisa engrinçant sur ses rails. Luke monta dans la rame remplieraisonnablement. Laurel et Hardi le suivirent. Hardi le frôla etl'espace d'un instant, le garçon crut sentir le regard insistant desdeux hommes sur lui. Il sentit sa gorge se serrer. Un stressinexplicable lui comprimait la poitrine. Ce n'était qu'uneimpression ou ils le suivaient ? Un léger intérêt s'intensifia enlui.
Lemétro freina violemment quelques arrêts trop remplis plus loin. Ilavait besoin d'en être sûr. Il descendit et courra vers la sortie.Les pas pressés dans son dos lui indiquèrent que ses pressentimentsétaient justifiés, aussi instinctifs furent-ils. Il sortitprécipitamment. L'excitation prit le dessus sur ses interrogations.Son cœur multiplia les battements. Ses pieds accélérèrent.L'adrénaline éclaircit sa vision tandis qu'il entrevoyait lalumière fade du jour. Il émergeât dans la rue.
YOU ARE READING
Subject 10
AçãoPersonne n'aurait pu prévoir ce qui allait leur arriver. Personne n'aurait pu les protéger car ce dont ils devaient être protéger était eux-mêmes.