M. 45

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Alors que j'étais venu à sa rencontre après plusieurs semaines sans nouvelles de sa part, mon ami mystère n'avait pas daigné répondre à ma simple salutation. Il m'ignorait. Je ne rêvais pas puisque je lui avais demandé si ça allait -juste pour lui rappeler ma maladresse lors de notre première discussion il y a plusieurs mois de cela- mais il n'avait pas ouvert la bouche.

_Qu'est-ce qui ne va pas ? Tu peux tout me dire, tu le sais.

_Va-t-en s'il te plaît, me demanda-t-il, sanglotant, alors que cela m'apparaissait comme un déjà-vu.

Je me souviens que lors de notre première rencontre il m'avait demandé de partir mais que j'avais préféré le faire rire plutôt que de l'abandonner. C'était la meilleure décision qu'il m'ait été donné de prendre. La meilleure comme la pire.

_Je pensais que tu ne t'appelais pas Va-t-en.

_Tu ne veux pas savoir qui je suis, marmonna-t-il de sa voix faible, comme toujours.

_Si. Je veux savoir. J'attends que ça de savoir. Qui es-tu ?

Ne me mens pas. Cela ne servirait à rien. Je ne suis plus dupe désormais.

En guise de réponse, je n'eus droit qu'à un sanglot mal étouffé et à un coup de pied dans la paroi de la cabine. Sous l'adrénaline, je n'avais pas sursauté. J'étais trop déterminé à mettre fin à son identité mystérieuse.

_Je me suis confié à toi sur mes sentiments envers mon ami, finis-je par lui dire. Je suis ici car il y a plusieurs mois tu as pleuré dans cette cabine comme tu le fais aujourd'hui encore. Je veux savoir pourquoi tu souffres et pourquoi j'ai si peur pour toi.

_Ma mère est folle et totalement aveugle. Ça te va ?

_Non. Dis-moi tout.

Il souffla. Je sentais qu'il était prêt à craquer et à tout me raconter.

_Ça fait des années que ça dure. Elle est tout le temps là, à pleurer, et lui, tout le temps en train de hurler. Mais le plus désespérant c'est moi qui ne fais jamais rien. J'entends tout mais ne vois rien. Je sais ce qu'il se passe tout en l'ignorant. Je me contente d'attendre que les cris et les pleures cessent et que la tempête passe.

Il se tut. Sa voix avait déraillé plus d'une fois pendant son récit. Même s'il restait vague, cela me suffisait pour mieux comprendre certaines choses.

_Qui est "lui" ? Lui demandai-je malgré mes suspicions.

_...

_Ton père ? Proposai-je en sachant que ce n'était pas la réponse.

_Non. C'est mon beau-père.

Je n'avais rien répondu à cela. Un rictus se dessina au creux de mes lèvres, ce qui me fit culpabiliser. Si je souriais très peu c'était dû au fait que j'avais deviné sa réponse et que, sans s'en douter, il ne faisait que confirmer ce que je savais déjà. Néanmoins je n'avais pas envie d'en être satisfait, pas à cet instant en tout cas. Il souffrait depuis trop longtemps et j'étais incapable de l'aider. J'avais une longueur d'avance sur lui mais je continuais de me cacher derrière ces quatre parois, comme si en sortant d'ici j'avais peur que ce ne soit finalement pas lui.

_Tu n'as personne qui pourrait t'aider ?

_Je t'ai, toi, avoua-t-il dans la seconde qui suivi ma question, comme si cela semblait comme une évidence.

_Je ne me sens pas utile pourtant, soufflai-je, honteux de reconnaître que je ne servais pas à grand chose en ce moment-même.

_Tu fais beaucoup plus que tu ne le crois.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 05, 2018 ⏰

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Stigmate { Taekook }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant