Ma grand-mère était mon exemple féminin de première classe. Elle était forte, brave, jamais exténuée par ce qu'elle faisait, même couvertes des rides de vieillesse.
Je ne tiens tout simplement pas d'elle.
Fort? Je n'arrive même pas à soulever le matelas de mon lit.
Brave ? Lors d'une sortie scolaire, j'ai accueillibune petite coccinelle sur mes frêles paumes: ça compte?
Jamais exténué? Je sommeille en cours.
Non, décidément, je ne m'associe pas à mon arrière-grand-mère...
Sa cuisine était royale :
si, un jour, tu aurais goûté son jus de crawberry, Thomas, tu serais sûrement au paradis gustative.
Je haïs les cranberries, Maman, mais tu ne pouvais pas l'apprendre à cet instant.
Je me remémore les samedis où je bronzais dans son jardin parfaitement taillé. Elle disparaissait dix grandes minutes dans la cuisine -crois-moi je m'amusais à compter- et resurgissait, ses mains chargées de deux cocktails fraîchement délicieux. Elle avait toujours la manie d'accessoiriser le verre d'une petite fraise, bien rouge et finement coupée : une coquine habitude que je ne négligeais jamais. Lorsqu'elle omit une seule fois le fruit décorateur, je l'avais fixé tristement, presque navrée de sa distraction. Elle avait changé "le cocktail de Mamie" en un simple mélange de jus.
J'aurai aimé déguster ce cocktail.
J'aimais "Grand-Mère Clamy" comme on aime sa mère, d'un amour maternel et éternel.
Elle travaillait au maximum pour réussir sa vie, et elle récoltait de nombreux fruits fabuleux, dont mon grand-père : prochaine lettre.
Noté.
C'était l'une des meilleures architectes locale, et en effet, en l'observant, c'était la meilleure.
Je revois avec précision comment elle dégageait un mélange d'autorité naturelle et d'une douce gentillesse. Son travail était tout pour elle. Pourtant, le temps, lui, n'est pas au chômage, et il ravage des centaines de victimes, dont ma grand-mère.
Le temps ravage tout : les moments heureux, les moments malheureux, les souvenirs, l'amour. Le temps est une catastrophe permanente, c'est une tornade qui s'abat petit à petit sur la vie de chaque personne naissante. Le temps est un monstre.
Trop vielle pour continuer selon son médecin traitant, elle restait enfermée chez elle, guettant patiemment chaque visite comme un miracle du ciel.
Le temps nous enveloppe et nous chuchote très proche de l'oreille combien nous devenons vieux de jours en jours. Le temps n'a aucune pitié.
Plus je grandissais, moins je lui rendais visite, et... ce fut l'une de mes plus grandes erreurs,
de mes plus grands regrets...
Mon grand-père travaillait toujours, et Clamydia demeurait seule : De jours en jours.
De semaines en semaines.
De mois en mois.
D'année en année.
Le temps.
Je connaissais déjà son souhait, et j'imagine que tu y penses déjà, mon fils : la liberté. C'est ce que tout le monde souhaite. Et pour ma grand-mère, la liberté était son travail. Elle priait tellement de fois, conjurant au ciel de pouvoir, rien qu'un jour, poser une brique sur une autre.
Alors, certainement lors d'une de ses promenades matinales,
elle considéra une affiche placardée sur le tableau municipal de Corensci, l'affiche qui métamorphosa sa tristesse en espoir. Mais c'est cette affiche qui la mena aussi vers sa mort.
Le bout de papier punaisé était un message de l'État recrutant des volontaires pour restaurer un site d'anciennes constructions trouvées au Sud de la ville.
•Imagine sa joie quand elle s'arrêta devant son destin.
•Imagine son bonheur en écrivant son nom en lettres capitales.
•Et imagine son exaltation quand elle se trouvait sur le site.
J'étais si heureuse pour elle, mais n'était-elle pas trop vielle ?
"Nous ne sommes jamais trop âgé pour nos rêves, Nina, jamais."
Me disait-elle, et c'est certainement vrai. Le dernier jour de rénovation, le haut de la colonne athénienne se brisa en deux et dégringola sur le crâne de Clamydia.
La malédiction...
Je sais, ce n'est pas très heureux, et, je n'ai jamais dis que ça allait l'être. Pourtant, tu dois vraiment lire, mon fils, tu dois connaître le fardeau que tu portes.
Je n'ai besoin d'aucune justification, Maman, je comprends maintenant.
Clamydia logea longtemps dans mon coeur, maintenant ce n'est qu'un vague souvenir.
Ma mère va-t-elle devenir un vague souvenir dans mon esprit, à moi aussi ?
Mais ce ne fut pas moi la plus infectée, son mari l'était encore plus, mon grand-père...
Continu vers la prochaine lettre pour : Richard Cleton.
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Cher Thomas...
Teen FictionAlors que Thomas, pensionnaire de longue date, découvre une boîte contenant de mystérieuses lettres sur son bureau, c'est toute sa vision sur sa famille qui change. Lui qui pensait avoir été volontairement abandonné, il va lire une autre histoire...